Stagnation économique et lockout du prolétariat
Depuis quelques semaines, notre attention est fixée sur la comptabilité morbide de l’épidémie du Coronavirus. Combien de morts aujourd’hui ? Combien de morts en tout ? Nos proches sont-ils en bonne santé ? Combien de temps serons-nous confinés ?
Dans les médias, dans la parole du pouvoir, on nous parle du coût social de la crise économique provoquée par l’épidémie. Le 28 mars, Le Figaro et Les Echos expliquent qu’un mois de confinement c’est 3 points de P.I.B. de perdu. Le 1er avril, La Voix du Nord titre sur 60 milliards de P.I.B. par mois de confinement. « L’impact économique de l’épidémie de Coronavirus s’annonce massif. »
Le Macronisme marquera son passage du sceau de la peur : Elu grace à la peur que suscitait son adversaire politique, le pouvoir gère ensuite la peur de disparaître à cause du réchauffement climatique, la peur des casseurs, la peur de mourir d’une épidémie et enfin la peur de tout perdre à cause de « l’impact économique de l’épidémie ». Si Emmanuel Macron s’érige en champion de la peur, on peut tous les jours constater que les français s’approprient cette peur. La distanciation sociale préconisée à 1,5 mètre se transforme souvent en 4 à 5 mètres dans les files d’attente à l’entrée des grandes surfaces ou des boulangeries.
Qu’on devienne chaque jour à notre tour les champions de la peur soit. Mais en quoi un confinement d’1 ou 2 mois serait-il si grave pour l’économie ? On peut comprendre qu’un petit commerce se trouvant privé de clients se trouve privé de revenus, on peut comprendre qu’une activité saisonnière puisse se retrouver ruiner… mais pour le reste… dans une économie saine l’épidémie passe et on continue d’avancer.
En parcourant les différentes publications qui concernent l’économie mondiale, on découvre que les signes d’affaiblissement de l’économie sont nombreux et ceci depuis longtemps mais il y a un élément récent qui a son importance : le 8 mars 2020, les négociations entre la Russie et l’OPEP sur les prix du pétrole échouent et l’Arabie Saoudite réduit le prix de son pétrole brut et annonce vouloir augmenter sa production.
Cette annonce de l’Arabie Saoudite a un retentissement immédiat sur les bourses. Le 9 mars 2020, la bourse de Paris clôture à (- 8,39%). Le 12 mars 2020, le CAC40 finit à (-12,28%). Le krach boursier touche l’ensemble des bourses mondiales. A New York, fait remarquable, le DOW JONES chute de (-12,9%) le 16 mars 2020. A titre de comparaison, il avait chuté de (-12,8%) le 28 octobre 1929. Le vendredi 27 mars, la directrice générale du FMI, Kristalina Gueorguiva annonce que l’économie mondiale est en récession… Le 15 avril à Paris, le CAC 40 finit à (-3,76%), à Londres le FTSE 100 à (-3,34%), à Francfort le DAX (-3,9%) …etc
C’est donc clair, le choc financier dépasse largement le phénomène épidémique. Cependant, on peut comprendre que la baisse des prix du pétrole qu’impose l’OPEP ne fasse pas les affaires des Russes qui eux aussi produisent du pétrole. On peut entendre que cela perturbe l’économie américaine qui pour se passer du pétrole avait misé sur les gaz de schiste. Mais pourquoi la baisse du prix du pétrole n’est-elle pas une aubaine pour nos économies ? Un pétrole moins cher, c’est nécessairement des coûts de production plus bas ? Il y a un dernier élément à prendre en compte. La chine représente 10% de la consommation de pétrole mondiale. Cela fait longtemps maintenant qu’on nous déclare que la croissance chinoise est moins vigoureuse. Le 16 mars, le journal Le Parisien nous révèle que pour la première fois depuis 30 ans la production industrielle chinoise recule de 13,5% sur l’ensemble de l’année 2019. Ca y est « On brule » comme disent les enfants quand ils jouent aux devinettes. Une moindre production industrielle en Chine implique une baisse des ventes de pétrole pour les pays producteurs. Si l’Arabie Saoudite sait qu’en baissant les prix du pétrole brut elle réduit ses marges, elle espère vendre plus en vendant moins cher et maintenir la masse de ses profits au détriment des Russes.
Il n’aura échappé à personne que depuis une 30aine d’années la production de marchandises se délocalise pour utiliser le terme consacré. Le but recherché par les détenteurs de capitaux est de réaliser de meilleurs profits. Une petite illustration s’impose. Prenons l’exemple d’un salarié au Smic. Pour un salaire net perçu de 1200€ hors coût de la mutuelle, le coût pour l’employeur est de 1600€ s’il ouvre droit à la réduction Fillon et 2100€ pour les autres. Un ouvrier chinois coûte environ 350€. L’économie sur le prix de la main d’œuvre pour un producteur capitaliste français se situe entre 1250 et 1750€ mensuel par ouvrier… L’exemple donné ici ne tient pas compte du salaire moyen français mais du plus bas salaire légal à 35h.
Les équations du capitalisme sont toujours les mêmes. La valeur c’est le travail, la quantité de valeur d’une marchandise c’est la quantité de travail nécessaire à sa fabrication. Le prix d’une marchandise tourne autour de sa valeur. Quand elle arrive sur le marché, elle est vendue au dessus de sa valeur et au fur et à mesure qu’elle se répand sur le marché son prix se rapproche de sa valeur. Il arrive un moment où le marché se sature. La production alors s’adapte, il n’est plus produit que ce qui est nécessaire au renouvellement des marchandises périmées.
C’est à ce stade que les choses se compliquent. Les producteurs capitalistes qui sont en compétition entre eux rivalisent d’ingéniosité pour faire des gains de productivité. C’est ainsi que le temps de fabrication d’une automobile est autour d’une 20aine d’heures contre une 40aine dans les années 60. Deux fois moins de travail humain c’est deux fois moins de salaire. En contrepartie comme le capital fixe augmente devant le capital variable, les taux de profits baissent… La mondialisation joue à un autre niveau. Elle met en compétition les salariés pour faire baisser le prix de la force de travail. Des salaires plus bas c’est plus de quantité de travail gratuit dans la fabrication des marchandises.
Après avoir réduit le plus possible de la part de travail humain et ramené au plus bas possible le prix de ce travail pour la réalisation des marchandises nous arrivons au point où cette production ralentie. Peu importe que ce soit en Chine, c’est là que les meilleures conditions de production existent pour les entrepreneurs et les actionnaires. Ce ralentissement signifie que les marchandises ne trouvent pas leur acheteur. Il a suffit d’une étincelle et la production s’est arrêtée.
Les producteurs capitalistes et les détenteurs d’un capital porteur d’intérêts comme les nommait Marx ont mis la France en pause. Aux 5 ou 6 millions de chômeurs habituels, il faut ajouter au 20 avril 2020 9,6 millions de salariés en chômage partiel. Pour que les employeurs puissent bénéficier de la prise en charge par l’Etat de ce chômage partiel, ces nouveaux chômeurs ont dû poser une semaine de congé… C’est officiel ce n’est pas les cotisations sociales qui paieront le chômage c’est la dette publique. Déjà sur les réseaux sociaux certains ironisent et imaginent l’instauration d’une taxe « co-vide-t-poches » pour remplir les poches de ceux qui détiennent le capital porteur d’intérêts de la dette publique.
C’est une véritable déclaration de guerre que la classe des capitalistes fait au reste des Français.
Eric Lester, le 21 avril 2020
Dans les médias, dans la parole du pouvoir, on nous parle du coût social de la crise économique provoquée par l’épidémie. Le 28 mars, Le Figaro et Les Echos expliquent qu’un mois de confinement c’est 3 points de P.I.B. de perdu. Le 1er avril, La Voix du Nord titre sur 60 milliards de P.I.B. par mois de confinement. « L’impact économique de l’épidémie de Coronavirus s’annonce massif. »
Le Macronisme marquera son passage du sceau de la peur : Elu grace à la peur que suscitait son adversaire politique, le pouvoir gère ensuite la peur de disparaître à cause du réchauffement climatique, la peur des casseurs, la peur de mourir d’une épidémie et enfin la peur de tout perdre à cause de « l’impact économique de l’épidémie ». Si Emmanuel Macron s’érige en champion de la peur, on peut tous les jours constater que les français s’approprient cette peur. La distanciation sociale préconisée à 1,5 mètre se transforme souvent en 4 à 5 mètres dans les files d’attente à l’entrée des grandes surfaces ou des boulangeries.
Qu’on devienne chaque jour à notre tour les champions de la peur soit. Mais en quoi un confinement d’1 ou 2 mois serait-il si grave pour l’économie ? On peut comprendre qu’un petit commerce se trouvant privé de clients se trouve privé de revenus, on peut comprendre qu’une activité saisonnière puisse se retrouver ruiner… mais pour le reste… dans une économie saine l’épidémie passe et on continue d’avancer.
En parcourant les différentes publications qui concernent l’économie mondiale, on découvre que les signes d’affaiblissement de l’économie sont nombreux et ceci depuis longtemps mais il y a un élément récent qui a son importance : le 8 mars 2020, les négociations entre la Russie et l’OPEP sur les prix du pétrole échouent et l’Arabie Saoudite réduit le prix de son pétrole brut et annonce vouloir augmenter sa production.
Cette annonce de l’Arabie Saoudite a un retentissement immédiat sur les bourses. Le 9 mars 2020, la bourse de Paris clôture à (- 8,39%). Le 12 mars 2020, le CAC40 finit à (-12,28%). Le krach boursier touche l’ensemble des bourses mondiales. A New York, fait remarquable, le DOW JONES chute de (-12,9%) le 16 mars 2020. A titre de comparaison, il avait chuté de (-12,8%) le 28 octobre 1929. Le vendredi 27 mars, la directrice générale du FMI, Kristalina Gueorguiva annonce que l’économie mondiale est en récession… Le 15 avril à Paris, le CAC 40 finit à (-3,76%), à Londres le FTSE 100 à (-3,34%), à Francfort le DAX (-3,9%) …etc
C’est donc clair, le choc financier dépasse largement le phénomène épidémique. Cependant, on peut comprendre que la baisse des prix du pétrole qu’impose l’OPEP ne fasse pas les affaires des Russes qui eux aussi produisent du pétrole. On peut entendre que cela perturbe l’économie américaine qui pour se passer du pétrole avait misé sur les gaz de schiste. Mais pourquoi la baisse du prix du pétrole n’est-elle pas une aubaine pour nos économies ? Un pétrole moins cher, c’est nécessairement des coûts de production plus bas ? Il y a un dernier élément à prendre en compte. La chine représente 10% de la consommation de pétrole mondiale. Cela fait longtemps maintenant qu’on nous déclare que la croissance chinoise est moins vigoureuse. Le 16 mars, le journal Le Parisien nous révèle que pour la première fois depuis 30 ans la production industrielle chinoise recule de 13,5% sur l’ensemble de l’année 2019. Ca y est « On brule » comme disent les enfants quand ils jouent aux devinettes. Une moindre production industrielle en Chine implique une baisse des ventes de pétrole pour les pays producteurs. Si l’Arabie Saoudite sait qu’en baissant les prix du pétrole brut elle réduit ses marges, elle espère vendre plus en vendant moins cher et maintenir la masse de ses profits au détriment des Russes.
Il n’aura échappé à personne que depuis une 30aine d’années la production de marchandises se délocalise pour utiliser le terme consacré. Le but recherché par les détenteurs de capitaux est de réaliser de meilleurs profits. Une petite illustration s’impose. Prenons l’exemple d’un salarié au Smic. Pour un salaire net perçu de 1200€ hors coût de la mutuelle, le coût pour l’employeur est de 1600€ s’il ouvre droit à la réduction Fillon et 2100€ pour les autres. Un ouvrier chinois coûte environ 350€. L’économie sur le prix de la main d’œuvre pour un producteur capitaliste français se situe entre 1250 et 1750€ mensuel par ouvrier… L’exemple donné ici ne tient pas compte du salaire moyen français mais du plus bas salaire légal à 35h.
Les équations du capitalisme sont toujours les mêmes. La valeur c’est le travail, la quantité de valeur d’une marchandise c’est la quantité de travail nécessaire à sa fabrication. Le prix d’une marchandise tourne autour de sa valeur. Quand elle arrive sur le marché, elle est vendue au dessus de sa valeur et au fur et à mesure qu’elle se répand sur le marché son prix se rapproche de sa valeur. Il arrive un moment où le marché se sature. La production alors s’adapte, il n’est plus produit que ce qui est nécessaire au renouvellement des marchandises périmées.
C’est à ce stade que les choses se compliquent. Les producteurs capitalistes qui sont en compétition entre eux rivalisent d’ingéniosité pour faire des gains de productivité. C’est ainsi que le temps de fabrication d’une automobile est autour d’une 20aine d’heures contre une 40aine dans les années 60. Deux fois moins de travail humain c’est deux fois moins de salaire. En contrepartie comme le capital fixe augmente devant le capital variable, les taux de profits baissent… La mondialisation joue à un autre niveau. Elle met en compétition les salariés pour faire baisser le prix de la force de travail. Des salaires plus bas c’est plus de quantité de travail gratuit dans la fabrication des marchandises.
Après avoir réduit le plus possible de la part de travail humain et ramené au plus bas possible le prix de ce travail pour la réalisation des marchandises nous arrivons au point où cette production ralentie. Peu importe que ce soit en Chine, c’est là que les meilleures conditions de production existent pour les entrepreneurs et les actionnaires. Ce ralentissement signifie que les marchandises ne trouvent pas leur acheteur. Il a suffit d’une étincelle et la production s’est arrêtée.
Les producteurs capitalistes et les détenteurs d’un capital porteur d’intérêts comme les nommait Marx ont mis la France en pause. Aux 5 ou 6 millions de chômeurs habituels, il faut ajouter au 20 avril 2020 9,6 millions de salariés en chômage partiel. Pour que les employeurs puissent bénéficier de la prise en charge par l’Etat de ce chômage partiel, ces nouveaux chômeurs ont dû poser une semaine de congé… C’est officiel ce n’est pas les cotisations sociales qui paieront le chômage c’est la dette publique. Déjà sur les réseaux sociaux certains ironisent et imaginent l’instauration d’une taxe « co-vide-t-poches » pour remplir les poches de ceux qui détiennent le capital porteur d’intérêts de la dette publique.
C’est une véritable déclaration de guerre que la classe des capitalistes fait au reste des Français.
- Près de 10 millions de prolétaires en lockout
- Suppression des 35h et extension de la durée hebdomadaire du travail à 60h
- Ensemble de la population assigné à résidence, obligé de présenter une « attestation de déplacement dérogatoire » aux forces de l’ordre quand celle-ci le demande
- Afin de surveiller le confinement, le pouvoir achète 600 drônes pour 4 millions d’euros
- Face à l’épidémie virale, la politique de santé du Pouvoir laisse sans voix. Elle tient en quelques mots : Si vous avez les symptômes de la maladie restez chez vous (prenez du paracétamol) et si vous asphyxiez appelez le 15 on vous enverra en réanimation. Rien est prévu pour les hôpitaux, ni masques, ni blouses. La France est le seul pays du monde à avoir interdit la vente de la chloroquine et ses dérivés…
Eric Lester, le 21 avril 2020