La gauche et la race, Manuel Boucher, Éditions L’Harmattan, 2018, 29€.
L’auteur revient sur la période 2005- 2018 qui a vu la création du mouvement des Indigènes de la République et l’extension de leurs thèses dans les organisations de gauche. Il a participé aux deux manifestations faites le 31 octobre 2015 et du 19 mars 2017 et revient sur les thèses du rassemblement du PIR (Parti des Indigènes de la République). Il s’alarme avec raison du glissement d’un discours insérant l’individu dans des rapports sociaux à un discours racisant et ethnicisant les rapports sociaux. On passe donc d’une conception de la société organisée en classe sociale (approche ancienne des forces de gauche) à une approche entre Eux (les blancs) et Nous (les non-blancs). Le PIR exige une nouvelle décolonisation des consciences des Blancs. Le PIR produit un certain nombre d’analyses à la portée inquiétante car elles ont pu envahir à l’occasion des organisations de masse comme Solidaires, la CGT ou la FSU où le nombre de compagnons de route serait plus important que le nombre de membres du PIR. Il consacre un long passage à Danièle Obono mais aussi à Clémentine Autain, députés à la FI, anciennes alliées du PIR. Il en conclut que les thèses du PIR conduisent à une nouvelle forme de racisme d’autant plus pernicieuse qu’elle n’est pas issue du champ politique habituel, l’extrême droite. L’auteur précise que la base sociale du PIR est constituée de couches moyennes en mal d’insertion.
L’auteur revient sur la période 2005- 2018 qui a vu la création du mouvement des Indigènes de la République et l’extension de leurs thèses dans les organisations de gauche. Il a participé aux deux manifestations faites le 31 octobre 2015 et du 19 mars 2017 et revient sur les thèses du rassemblement du PIR (Parti des Indigènes de la République). Il s’alarme avec raison du glissement d’un discours insérant l’individu dans des rapports sociaux à un discours racisant et ethnicisant les rapports sociaux. On passe donc d’une conception de la société organisée en classe sociale (approche ancienne des forces de gauche) à une approche entre Eux (les blancs) et Nous (les non-blancs). Le PIR exige une nouvelle décolonisation des consciences des Blancs. Le PIR produit un certain nombre d’analyses à la portée inquiétante car elles ont pu envahir à l’occasion des organisations de masse comme Solidaires, la CGT ou la FSU où le nombre de compagnons de route serait plus important que le nombre de membres du PIR. Il consacre un long passage à Danièle Obono mais aussi à Clémentine Autain, députés à la FI, anciennes alliées du PIR. Il en conclut que les thèses du PIR conduisent à une nouvelle forme de racisme d’autant plus pernicieuse qu’elle n’est pas issue du champ politique habituel, l’extrême droite. L’auteur précise que la base sociale du PIR est constituée de couches moyennes en mal d’insertion.
La gauche contre les Lumières ? Stéphanie Roza, éditions Fayard, 2019, 18€.
’auteur tire la sonnette d’alarme contre les errances des forces dites de gauche qui s’abîment dans des thèses régressives par rapport à la « philosophie des Lumières » qui pose des principes rationnels et des méthodes de réflexion permettant d’appréhender le réel. Or, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une montée en puissance d’un discours développant des méthodes irrationnelles. L’auteur s’en prend à l’antirationalisme, l’anti-progressisme et à l’anti-universalisme incarnés par Michel Foucault et Jean-Claude Michéa. L’auteur insiste sur la nécessité d’avoir une grille de lecture qui permette de décrypter le monde qui nous entoure. Il ne faut pas croire que les problèmes de société viennent de la Raison, le monde des idées (position idéaliste) mais tiennent à des causes liées à l’organisation sociale et historique (position matérialiste).
’auteur tire la sonnette d’alarme contre les errances des forces dites de gauche qui s’abîment dans des thèses régressives par rapport à la « philosophie des Lumières » qui pose des principes rationnels et des méthodes de réflexion permettant d’appréhender le réel. Or, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une montée en puissance d’un discours développant des méthodes irrationnelles. L’auteur s’en prend à l’antirationalisme, l’anti-progressisme et à l’anti-universalisme incarnés par Michel Foucault et Jean-Claude Michéa. L’auteur insiste sur la nécessité d’avoir une grille de lecture qui permette de décrypter le monde qui nous entoure. Il ne faut pas croire que les problèmes de société viennent de la Raison, le monde des idées (position idéaliste) mais tiennent à des causes liées à l’organisation sociale et historique (position matérialiste).
C’était la Ligue, Hélène Adam et François Coustal, Éditions Syllepse, 2019, 29€50.
Il ne s’agit pas réellement d’une histoire de la LCR mais plutôt d’un témoignage par deux biographes. Les auteurs, ont été membres dirigeants de la LCR pendant de nombreuses années et ont quitté le NPA en 2012 et créé en 2013 Ensemble, avec d’autres courants politiques. Ensemble participe à la France insoumise.
On comprend, en creux, les erreurs successives de l’organisation. Les décisions politiques étaient à l’opposé d’une ligne de masse, celle qui permet d’étendre son audience. On pourrait croire que la Ligue a tout fait pour ne pas être influente en France en favorisant l’action armée dans une première période, croyant dur comme fer que la révolution était à portée de main après Mai 68. Elle s’est détachée de l’action syndicale ou, lorsqu’elle s’en est rapprochée, elle a mis ses forces dans la CFDT. Elle a pratiqué l’entrisme dans le PS alors qu’il est aux portes du pouvoir et que la politique miterrandienne entrainera un décrochement des masses du PS. L’internationalisme abstrait et son nihilisme national lui a interdit d’être en contact avec les préoccupations des masses. Il s’ensuit logiquement un mot d’ordre de renégociation des traités européens, par exemple. L’insistance quasi pavlovienne de la victoire d’un bloc de gauche (sous des formules différentes selon les périodes) est aussi un trait particulier. L’apellation de « gauche de la gauche » que la Ligue s’applique à elle-même interroge car le mouvement révolutionnaire ne s’en revendique pas historiquement, préférant se définir en tant que communistes ou de révolutionnaires. Il faut peut-être y voir là l’influence idéologique des grands partis sur les petites organisations à partir des années 1930. Au total, la Ligue a regroupé un maximum de 3800 membres en 1977 et serait tombée à 570 adhérents en 1981. Elle a eu un nouvel afflux pour fonder le NPA en 2009 avec 9000 membres (moins de 2000 en 2019).
Il ne s’agit pas réellement d’une histoire de la LCR mais plutôt d’un témoignage par deux biographes. Les auteurs, ont été membres dirigeants de la LCR pendant de nombreuses années et ont quitté le NPA en 2012 et créé en 2013 Ensemble, avec d’autres courants politiques. Ensemble participe à la France insoumise.
On comprend, en creux, les erreurs successives de l’organisation. Les décisions politiques étaient à l’opposé d’une ligne de masse, celle qui permet d’étendre son audience. On pourrait croire que la Ligue a tout fait pour ne pas être influente en France en favorisant l’action armée dans une première période, croyant dur comme fer que la révolution était à portée de main après Mai 68. Elle s’est détachée de l’action syndicale ou, lorsqu’elle s’en est rapprochée, elle a mis ses forces dans la CFDT. Elle a pratiqué l’entrisme dans le PS alors qu’il est aux portes du pouvoir et que la politique miterrandienne entrainera un décrochement des masses du PS. L’internationalisme abstrait et son nihilisme national lui a interdit d’être en contact avec les préoccupations des masses. Il s’ensuit logiquement un mot d’ordre de renégociation des traités européens, par exemple. L’insistance quasi pavlovienne de la victoire d’un bloc de gauche (sous des formules différentes selon les périodes) est aussi un trait particulier. L’apellation de « gauche de la gauche » que la Ligue s’applique à elle-même interroge car le mouvement révolutionnaire ne s’en revendique pas historiquement, préférant se définir en tant que communistes ou de révolutionnaires. Il faut peut-être y voir là l’influence idéologique des grands partis sur les petites organisations à partir des années 1930. Au total, la Ligue a regroupé un maximum de 3800 membres en 1977 et serait tombée à 570 adhérents en 1981. Elle a eu un nouvel afflux pour fonder le NPA en 2009 avec 9000 membres (moins de 2000 en 2019).
Voilà un petit livre bien stimulant pour tous ceux qui s’interrogent sur les enjeux du moment et notamment sur la transition écologique. Pour l’auteur, la condition de notre écologie d’une politique propre en Occident est d’entretenir la pollution à un niveau extraordinaire à l’autre bout du monde. Il insiste sur les méfaits de la production de métaux rares en Chine et des conséquences environnementales. Il évoque aussi d’autres pays en Afrique et en Amérique du Sud. Une carte de France est publiée en annexe et identifie les régions où une production minière pourrait être relancée. Cela pourrait faire partie d’un plan d’ensemble pour développer l’industrie en France. Arnaud Montebourg s’était penché sur la question et projetait la création d’une Compagnie nationale des Mines de France. Une bonne idée à reprendre ?
Bloc contre bloc, la dynamique du Macronisme, de Jérome Saintemarie, Éditions du Cerf, 2019, 18€. L’auteur distingue trois strates dans la base sociale du macronisme : l’élite réelle (liée à son patrimoine, ses revenus, son statut social) correspondant à 1% des plus fortunés; l’élite aspirationnelle (les cadres et les étudiants) et l’élite par précaution, c’est-à-dire, tous ceux qui ont intérêt à être du côté du macronisme, dont les retraités. Le macronisme vise le pouvoir maximal sur la société, l’unification des élites autrefois segmentés par divers partis. Idéologiquement, il facilite l’unification du libéralisme culturel et économique. Il démontre que la base sociale macronienne prend appui sur les grands chefs d’entreprises privées mais aussi les hautes sphères de l’administration publique. Il insiste sur la place des intellectuels organiques qui ne sont plus forcément les intellectuels estampillés mais des cadres obscurs. Enfin, il confirme l’existence d’un vote de classe dans le vote macronien nié par les macroniens eux-mêmes. C’est un livre fort qui replace le débat dans des logiques de classe et c’est pourquoi l’auteur a fait référence à Marx et son 18 Brumaire de Louis Bonaparte, comme méthode d’analyse tout au long de l’ouvrage
A signaler un article intéressant de notre camarade François Ferrette paru dans les excellents « Cahiers Jaurès » de qui nous plonge dans la IIIème République à travers l’études des Ligues et plus particulièrement de la Ligue Civique. La formation de ligues fin XIXème début XXème accompagne la modernisation de la vie publique et l’apparition de « la société civile » et constitue un moyen d’expression politique majeur jusqu’en 1940. Certaines font encore partie du paysage français telles la Ligue des droits de l’Homme, ou bien la Ligue de l’Enseignement.
Très diverses de par leur taille et leur but politique, elles gardent néanmoins une image d’organisations de droite, voire d’extrême droite, qu’on appellera plus globalement « les Ligues de Droite ». François Ferrette s’attache à nous présenter la Ligue Civique car elle a une place singulière dans le tableau d’ensemble. Elle est créée en novembre 1917 majoritairement par des membres du Parti Socialiste, tous anciens Dreyfusards, en réaction au courant pacifiste montant au sein du parti et par souci de défendre l’Union Sacrée de plus en plus malmenée en cette année 1917. Composée de personnalités issues du monde ouvrier et du dreyfusisme, la Ligue va perdre rapidement son enracinement ouvrier dans les années 1920 pour se rapprocher des milieux intellectuels et industriels et former une élite animée par un combat patriotique avant tout.
C’est ainsi qu’après la première guerre mondiale, dans le souci de soutenir la « reconstruction nationale » la Ligue Civique s’opposera à la CGT en dénonçant ses grèves politiques. Elle se veut au-dessus des classes sociales, dans une attitude qu’on qualifierait de centriste. Mais elle n’est pas totalement opposée encore à la CGT dont elle essaie de défendre le courant le plus modéré de la confédération et dont des représentants sont membres de la Ligue Civique. En conséquence, elle refuse de cautionner publiquement une autre organisation appelée « Union Civique » qui fait appel à des volontaires pour remplacer les grévistes et assurer la continuité des services publics en mai 1920. Cherchant des subsides, la Ligue Civique va alors se rapprocher des syndicats patronaux, chercher des alliances avec d’autres ligues, et notamment en 1924 avec l’arrivée au pouvoir du Cartel des Gauches.
De même nombre de ses membres sont séduits par la révolution fasciste italienne, la montée du national-socialisme en Allemagne, tout en conservant un regards très critique à leur égard. Les évènements tragiques du 6 février 1934 achèveront de départager clairement les deux camps : socialistes et communistes s’unissent en réaction à ce qu’ils considèrent comme une poussée « fasciste », ce qui amène les Ligues de droites à s’unir face au danger que représente pour eux l’accession de la Gauche au pourvoir. Peu de membres de la Ligue Civique encore en vie en 1940 se distinguent lors de l’occupation et quelques uns versent dans l’antisémitisme et le soutien au régime de Pétain.
François Ferrette nous détaille avec précision et soin tous les protagonistes de cette aventure, leur parcours et leurs alliances, il contribue ainsi à montrer la complexité de la vie politique française de cette époque et la dynamique qui amène parfois des gens de conviction à traverser l’échiquier politique.
Très diverses de par leur taille et leur but politique, elles gardent néanmoins une image d’organisations de droite, voire d’extrême droite, qu’on appellera plus globalement « les Ligues de Droite ». François Ferrette s’attache à nous présenter la Ligue Civique car elle a une place singulière dans le tableau d’ensemble. Elle est créée en novembre 1917 majoritairement par des membres du Parti Socialiste, tous anciens Dreyfusards, en réaction au courant pacifiste montant au sein du parti et par souci de défendre l’Union Sacrée de plus en plus malmenée en cette année 1917. Composée de personnalités issues du monde ouvrier et du dreyfusisme, la Ligue va perdre rapidement son enracinement ouvrier dans les années 1920 pour se rapprocher des milieux intellectuels et industriels et former une élite animée par un combat patriotique avant tout.
C’est ainsi qu’après la première guerre mondiale, dans le souci de soutenir la « reconstruction nationale » la Ligue Civique s’opposera à la CGT en dénonçant ses grèves politiques. Elle se veut au-dessus des classes sociales, dans une attitude qu’on qualifierait de centriste. Mais elle n’est pas totalement opposée encore à la CGT dont elle essaie de défendre le courant le plus modéré de la confédération et dont des représentants sont membres de la Ligue Civique. En conséquence, elle refuse de cautionner publiquement une autre organisation appelée « Union Civique » qui fait appel à des volontaires pour remplacer les grévistes et assurer la continuité des services publics en mai 1920. Cherchant des subsides, la Ligue Civique va alors se rapprocher des syndicats patronaux, chercher des alliances avec d’autres ligues, et notamment en 1924 avec l’arrivée au pouvoir du Cartel des Gauches.
De même nombre de ses membres sont séduits par la révolution fasciste italienne, la montée du national-socialisme en Allemagne, tout en conservant un regards très critique à leur égard. Les évènements tragiques du 6 février 1934 achèveront de départager clairement les deux camps : socialistes et communistes s’unissent en réaction à ce qu’ils considèrent comme une poussée « fasciste », ce qui amène les Ligues de droites à s’unir face au danger que représente pour eux l’accession de la Gauche au pourvoir. Peu de membres de la Ligue Civique encore en vie en 1940 se distinguent lors de l’occupation et quelques uns versent dans l’antisémitisme et le soutien au régime de Pétain.
François Ferrette nous détaille avec précision et soin tous les protagonistes de cette aventure, leur parcours et leurs alliances, il contribue ainsi à montrer la complexité de la vie politique française de cette époque et la dynamique qui amène parfois des gens de conviction à traverser l’échiquier politique.
D’emblée l’auteur fait référence à ses grands-parents anarchosyndicalistes qui l’ont marqué durablement dans sa formation politique et dont le thème du livre est imprégné : le sort des gens du peuple, des ouvriers, des immigrés, des femmes, des colonisés, de tous ceux qui sont oubliés par la Grande histoire. Elle nous fait revisiter des aspects méconnus de notre histoire de France qui est aussi celle des étrangers arrivés sur le sol de métropole mais aussi ceux dont les terres ont été spoliés par le colonialisme. Bien des points relèvent de la micro-histoire mais combien passionnantes pour celui qui cherche à comprendre comment les individus ont résisté, quelles ont été les luttes minoritaires, écrasées mais qui ont eu une portée comme valeur d’exemple. On sort des idées un peu préconçues sur les droits octroyés. Ainsi, la Révolution française n’a pas mis fin à l’esclavage dans les colonies, se sont les luttes des esclaves qui ont incité les révolutionnaires parisiens à s’en inquiéter et finalement à traduire légalement cette libération. La place des femmes est aussi appuyée par de nombreux exemples et présente des combattantes acharnées dès le moyen-âge, à la tête des luttes quand les hommes hésitaient à s’engager.
La cause végane, Un nouvel intégrisme ? Frédéric Denhez, Buchet-Chastel, 2019, 18€.
La mode végane trouve un certain nombre de détracteurs dont F. Denhez. Il part en guerre contre cette nouveau mode de vie et on le remercie de ne pas tomber dans l’opportunisme dans lequel trop de journalistes se perdent. Pêle-mêle, il s’en prend à l’antispécisme, l’association L214, la viande in vitro, la Silicon Valley...
On notera l’intérêt à dénoncer la nouvelle religion qui se consolide sous la forme d’une vénération pour Dame Nature. Les philosophes parlent de Gaia, la Terre-mère, la Déesse-mère qui doit être honorée et respectée. Il pointe le glissement juridique dans nombre de pays. En Nouvelle-Zélande, un fleuve a désormais le pouvoir d’être représenté à un procès au motif que le cours d’eau a des intérêts spécifiques à défendre. Comme il n’a pas la possibilité de se défendre, c’est une tribu dont le territoire longe le fleuve qui prend sa défense en charge. Sur le plan juridique, ce qui était considéré comme des objets deviennent des sujets ayant des intérêts propres. F. Denhez a donc raison de dénoncer le relativisme qui sévit et qui met sur le même plan humanité, animaux, éléments de la nature.
La mode végane trouve un certain nombre de détracteurs dont F. Denhez. Il part en guerre contre cette nouveau mode de vie et on le remercie de ne pas tomber dans l’opportunisme dans lequel trop de journalistes se perdent. Pêle-mêle, il s’en prend à l’antispécisme, l’association L214, la viande in vitro, la Silicon Valley...
On notera l’intérêt à dénoncer la nouvelle religion qui se consolide sous la forme d’une vénération pour Dame Nature. Les philosophes parlent de Gaia, la Terre-mère, la Déesse-mère qui doit être honorée et respectée. Il pointe le glissement juridique dans nombre de pays. En Nouvelle-Zélande, un fleuve a désormais le pouvoir d’être représenté à un procès au motif que le cours d’eau a des intérêts spécifiques à défendre. Comme il n’a pas la possibilité de se défendre, c’est une tribu dont le territoire longe le fleuve qui prend sa défense en charge. Sur le plan juridique, ce qui était considéré comme des objets deviennent des sujets ayant des intérêts propres. F. Denhez a donc raison de dénoncer le relativisme qui sévit et qui met sur le même plan humanité, animaux, éléments de la nature.
Penser la violence des femmes, Coline CARDI, Geneviève PRUVOST (sous la direction de), La Découverte, 2017 (réédition), 14,90€.
Ce livre met en évidence la question d’un attribut censé être réservé aux hommes : la violence. Mais il rappelle que les femmes ont toujours utilisé ce moyen pour se défendre, se battre et gagner (ou perdre). Ce livre questionne les représentations sexuée des individus, de leur définition et finalement remet en cause une approche « naturaliste » des hommes et des femmes. Celle-ci a longtemps été bien commode pour neutraliser les mouvements émancipateurs et contenir les femmes dans des rôles traditionnels. Bien plus, cela relève d’une certaine conception de l’ordre social dans lequel le mouvement ouvrier a pu s’abîmer (Proudhon, notamment). Pour les militants politiques actuels, cela interroge aussi sur la place qu’on accorde encore aujourd’hui à leurs luttes, leurs préoccupations particulières et les liens à développer entre les hommes et les femmes. Les femmes ne sont pas des « victimes », au sens où elles sont passives et vulnérables, mais des actrices du changement. On ne fera pas une autre société sans la moitié de l’humanité.
Ce livre met en évidence la question d’un attribut censé être réservé aux hommes : la violence. Mais il rappelle que les femmes ont toujours utilisé ce moyen pour se défendre, se battre et gagner (ou perdre). Ce livre questionne les représentations sexuée des individus, de leur définition et finalement remet en cause une approche « naturaliste » des hommes et des femmes. Celle-ci a longtemps été bien commode pour neutraliser les mouvements émancipateurs et contenir les femmes dans des rôles traditionnels. Bien plus, cela relève d’une certaine conception de l’ordre social dans lequel le mouvement ouvrier a pu s’abîmer (Proudhon, notamment). Pour les militants politiques actuels, cela interroge aussi sur la place qu’on accorde encore aujourd’hui à leurs luttes, leurs préoccupations particulières et les liens à développer entre les hommes et les femmes. Les femmes ne sont pas des « victimes », au sens où elles sont passives et vulnérables, mais des actrices du changement. On ne fera pas une autre société sans la moitié de l’humanité.
L’auteur n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà publié en 2012 la biographie de Fernand Loriot, un des principaux fondateurs du PCF et deux autres ouvrages relatifs au pacifisme durant la Première Guerre mondiale. Il a donc labouré la question largement et son nouvel ouvrage approfondit la connaissance qu’on avait de cette période du mouvement ouvrier qui fut décisive et structura la « gauche » en France pendant des décennies. Reprenant la thèse selon laquelle l’année 1924 est fondamentale dans les choix opérés par les communistes de l’époque, c’est-à-dire allégeance à la bureaucratie stalinienne naissante ou insoumission à celle-ci, il remonte très loin dans les origines des déviations politiques qui ont abouti à la dégénérescence du Parti communiste en France. Il éborgne largement la IIIè Internationale qui n’était pas exempte de mesures autoritaires dès sa fondation et qui vont se répéter alors que Lénine est encore aux affaires. Malgré cela, l’auteur ne peut masquer le fait que Lénine était capable d’écouter ses interlocuteurs et modifier son attitude.Ce livre est publié à l’occasion des 100 ans de la révolution russe d’Octobre 17 et peut constituer un intéressant livre pour tous ceux qui veulent connaitre les erreurs du passé pour mieux les combattre dans les batailles d’aujourd’hui. La question démocratique étant pointée ici.
No Society. La fin de la classe moyenne occidentale,
Christophe Guilluy, Flammarion, 2018, 18€.
Dans son nouvel ouvrage, Christophe Guilluy affirme que les deux derniers secteurs de la société à ne pas encore être totalement attaqués de front par l’élite sont les fonctionnaires et les retraités. Ces deux groupes constituent encore le socle électoral des partis traditionnels. Mais si Macron s’en prend à eux, il ne restera plus rien des couches sociales qui constituent la classe moyenne. Or, pour lui, l’existence de cette classe conditionne une promesse d’avenir pour les couches sociales plus humbles. Si la classe moyenne disparait, quelles perspectives offrir ? On peut s’interroger sur la pertinence d’une telle identité dans ce que représenterait la « classe moyenne ».
Si on interconnecte cette question aux zones de la France périphérique, on obtient… les gilets jaunes ! C’est ce qu’avait « prophétisé » Guilluy depuis plusieurs ouvrages sans les nommer ainsi, évidemment.
Par ailleurs, l’opposition métropole/France périphérique n’en reste pas moins formelle et ne peut être en aucun cas le moteur social des révoltes. Il s’agit d’une répartition territoriale des retombées du capitalisme au XXIè siècle qui vise à concentrer sur des points du territoire (les fameuses métropoles) les infrastructures nécessaires à la réalisation du taux de profit maximum.
Si des accents marxistes apparaissent ici ou là (la bourgeoisie ni la lutte des classes n’y sont des gros mots), on reste sur sa faim quant à sa conclusion. Son écriture est moins enthousiasmante puisqu’il ne considère pas l’opposition entre le peuple et l’élite inéluctable. Il en va même à espérer une réconciliation nécessaire.
Christophe Guilluy, Flammarion, 2018, 18€.
Dans son nouvel ouvrage, Christophe Guilluy affirme que les deux derniers secteurs de la société à ne pas encore être totalement attaqués de front par l’élite sont les fonctionnaires et les retraités. Ces deux groupes constituent encore le socle électoral des partis traditionnels. Mais si Macron s’en prend à eux, il ne restera plus rien des couches sociales qui constituent la classe moyenne. Or, pour lui, l’existence de cette classe conditionne une promesse d’avenir pour les couches sociales plus humbles. Si la classe moyenne disparait, quelles perspectives offrir ? On peut s’interroger sur la pertinence d’une telle identité dans ce que représenterait la « classe moyenne ».
Si on interconnecte cette question aux zones de la France périphérique, on obtient… les gilets jaunes ! C’est ce qu’avait « prophétisé » Guilluy depuis plusieurs ouvrages sans les nommer ainsi, évidemment.
Par ailleurs, l’opposition métropole/France périphérique n’en reste pas moins formelle et ne peut être en aucun cas le moteur social des révoltes. Il s’agit d’une répartition territoriale des retombées du capitalisme au XXIè siècle qui vise à concentrer sur des points du territoire (les fameuses métropoles) les infrastructures nécessaires à la réalisation du taux de profit maximum.
Si des accents marxistes apparaissent ici ou là (la bourgeoisie ni la lutte des classes n’y sont des gros mots), on reste sur sa faim quant à sa conclusion. Son écriture est moins enthousiasmante puisqu’il ne considère pas l’opposition entre le peuple et l’élite inéluctable. Il en va même à espérer une réconciliation nécessaire.
Que faire ?, Louis Althusser, [1978] Presses universitaires de France, perspectives critiques, 2018, 14€.
Cet ouvrage inédit s’inscrit dans le vaste programme de publication des inédits de Louis Althusser, le fond d’archives déposé à l’IMEC ayant révélé que le plus célèbre marxiste des années 1960-70 n’avait publié de son vivant qu’une petite fraction de sa production. Au rythme des éditions, on va donc de surprise en surprise à la découverte d’une œuvre immense.
Voilà un livre qui tombe à pic et qui devrait faire l’effet d’un joli pavé dans la mare « populiste » s’il n’était pas victime d’un ostracisme total de l’intelligentsia française. Sorti à l’automne cet ouvrage n’a fait l’objet que d’une recension sur France Culture qui a accordé 5 mn d’interview à Laurent Strutter, directeur de la collection Perspectives critiques au PUF. Celui-ci remarque ce paradoxe, alors que chacun des ouvrages d’Althusser publié est immédiatement traduit en quinze langues.
Que faire ?, inédit mais également inachevé, a été rédigé en 1978 dans un contexte bien particulier : celui de « l’eurocommunisme » comme tentative des Partis communistes français, italien et espagnol de s’affranchir quelque peu de l’image négative des pays de l’Est en dessinant des voies « nationales » et surtout « démocratiques » d’accession au pouvoir.
Pour ce faire, ils ont été chercher une caution théorique dans l’œuvre du penseur communiste italien Antonio Gramsci, auteur d’une stratégie politique pour l’Europe occidentale. N’ayant jusque-là que très peu fait référence à Gramsci, Louis Althusser décide donc d’engager la bataille. Et il se livre dans Que faire ? à une démolition, philosophique, en règle des grands concepts élaborés par Gramsci. Elle passe par une défense du matérialisme historique, réduit par Gramsci à une « philosophie de la praxis », du concept de mode de production remplacé par le « bloc historique » et démonte méticuleusement « l’historicisme », dénoncé comme un empirisme absolu.
Last but not least, Althusser s’en prend à la théorie gramscienne de « l’hégémonie », devenue une véritable tarte à la crème. Les économistes, journalistes, sociologues et historiens qui s’y réfèrent aujourd’hui sont tellement nombreux qu’on peine à les dénombrer. Qu’ont en commun
ces personnes, essentiellement sympathiques n’en doutons pas, avec le triste Paul Laurent (père de Pierre et déjà hiérarque du PCF) quand il défendait la « guerre de position » gramscienne dans son article « Graves propos de Louis Althusser » (L’Humanité, 13 mai 1978) ?
A leur corps défendant, ou pas, elles omettent comme Gramsci la question de l’infrastructure sociale, c’est à dire de la détermination en dernière instance de l’économie. Donc du capitalisme et donc de la lutte de classe du prolétariat. Car il y a un « énorme blanc » chez Gramsci : « tout ce qui concerne le rapport de production, l’exploitation et tout ce qui constitue leur condition matérielle : le capital, l’impérialisme (…) la force de travail, sa reproduction, etc. »
Car ce que montre Louis Althusser c’est que la lutte pour « l’hégémonie » s’exerce sur la « société civile » dans la perspective d’une « guerre de positions » visant à prendre une à une les tranchées des avant-postes de l’Etat sans nous dire comme on s’emparera du château fort, même s’ils ont tous été conquis. Ainsi, « la question de la conquête de l’Etat ne se pose pas, car elle se conduit à la question de la conquête de la société civile ».
Le livre demeurant inachevé, il manque visiblement un chapitre de conclusion, Althusser ne nous dira pas ici quelle stratégie aurait dû être opposée à l’impasse eurocommuniste. Mais il nous aide à penser comment éviter celle d’un populisme réduit à la sphère politique et ne se posant ni la question de l’Etat ni celle des classes en lutte. « Que faire pour aider à l’orientation et à l’organisation de la lutte de classe ouvrière et populaire, pour qu’elle l’emporte contre la lutte de classe bourgeoise ? », telle est la problématique qui inspire le vade-mecum révolutionnaire de Louis Althusser et devrait inspirer aussi ceux qui veulent vraiment changer le monde.
Cet ouvrage inédit s’inscrit dans le vaste programme de publication des inédits de Louis Althusser, le fond d’archives déposé à l’IMEC ayant révélé que le plus célèbre marxiste des années 1960-70 n’avait publié de son vivant qu’une petite fraction de sa production. Au rythme des éditions, on va donc de surprise en surprise à la découverte d’une œuvre immense.
Voilà un livre qui tombe à pic et qui devrait faire l’effet d’un joli pavé dans la mare « populiste » s’il n’était pas victime d’un ostracisme total de l’intelligentsia française. Sorti à l’automne cet ouvrage n’a fait l’objet que d’une recension sur France Culture qui a accordé 5 mn d’interview à Laurent Strutter, directeur de la collection Perspectives critiques au PUF. Celui-ci remarque ce paradoxe, alors que chacun des ouvrages d’Althusser publié est immédiatement traduit en quinze langues.
Que faire ?, inédit mais également inachevé, a été rédigé en 1978 dans un contexte bien particulier : celui de « l’eurocommunisme » comme tentative des Partis communistes français, italien et espagnol de s’affranchir quelque peu de l’image négative des pays de l’Est en dessinant des voies « nationales » et surtout « démocratiques » d’accession au pouvoir.
Pour ce faire, ils ont été chercher une caution théorique dans l’œuvre du penseur communiste italien Antonio Gramsci, auteur d’une stratégie politique pour l’Europe occidentale. N’ayant jusque-là que très peu fait référence à Gramsci, Louis Althusser décide donc d’engager la bataille. Et il se livre dans Que faire ? à une démolition, philosophique, en règle des grands concepts élaborés par Gramsci. Elle passe par une défense du matérialisme historique, réduit par Gramsci à une « philosophie de la praxis », du concept de mode de production remplacé par le « bloc historique » et démonte méticuleusement « l’historicisme », dénoncé comme un empirisme absolu.
Last but not least, Althusser s’en prend à la théorie gramscienne de « l’hégémonie », devenue une véritable tarte à la crème. Les économistes, journalistes, sociologues et historiens qui s’y réfèrent aujourd’hui sont tellement nombreux qu’on peine à les dénombrer. Qu’ont en commun
ces personnes, essentiellement sympathiques n’en doutons pas, avec le triste Paul Laurent (père de Pierre et déjà hiérarque du PCF) quand il défendait la « guerre de position » gramscienne dans son article « Graves propos de Louis Althusser » (L’Humanité, 13 mai 1978) ?
A leur corps défendant, ou pas, elles omettent comme Gramsci la question de l’infrastructure sociale, c’est à dire de la détermination en dernière instance de l’économie. Donc du capitalisme et donc de la lutte de classe du prolétariat. Car il y a un « énorme blanc » chez Gramsci : « tout ce qui concerne le rapport de production, l’exploitation et tout ce qui constitue leur condition matérielle : le capital, l’impérialisme (…) la force de travail, sa reproduction, etc. »
Car ce que montre Louis Althusser c’est que la lutte pour « l’hégémonie » s’exerce sur la « société civile » dans la perspective d’une « guerre de positions » visant à prendre une à une les tranchées des avant-postes de l’Etat sans nous dire comme on s’emparera du château fort, même s’ils ont tous été conquis. Ainsi, « la question de la conquête de l’Etat ne se pose pas, car elle se conduit à la question de la conquête de la société civile ».
Le livre demeurant inachevé, il manque visiblement un chapitre de conclusion, Althusser ne nous dira pas ici quelle stratégie aurait dû être opposée à l’impasse eurocommuniste. Mais il nous aide à penser comment éviter celle d’un populisme réduit à la sphère politique et ne se posant ni la question de l’Etat ni celle des classes en lutte. « Que faire pour aider à l’orientation et à l’organisation de la lutte de classe ouvrière et populaire, pour qu’elle l’emporte contre la lutte de classe bourgeoise ? », telle est la problématique qui inspire le vade-mecum révolutionnaire de Louis Althusser et devrait inspirer aussi ceux qui veulent vraiment changer le monde.
Le loup dans la bergerie, Jean-Claude Michéa, Flammarion, coll. « Climats », 2018, 17€.
Michéa est un des philosophes à suivre (avec notamment Jean-Pierre Le Goff) pour mieux comprendre les évolutions de nos sociétés. Son intérêt réside essentiellement dans un apport de différentes disciplines que sont l’histoire, l’anthropologie et, bien sûr, la philosophie.
On signalera sa sortie en septembre 2018 du nouvel ouvrage de Michéa sans pouvoir en faire une synthèse, faute de place. Rappelons juste qu’il considère que l’analyse anticapitaliste actuelle des forces dites révolutionnaires ne va pas assez loin et qu’il y a même un accompagnement de ces courants dans le libéralisme culturel. En tout cas, il est toujours bon de lire ses livres aussi stimulants dans la période.
Michéa est un des philosophes à suivre (avec notamment Jean-Pierre Le Goff) pour mieux comprendre les évolutions de nos sociétés. Son intérêt réside essentiellement dans un apport de différentes disciplines que sont l’histoire, l’anthropologie et, bien sûr, la philosophie.
On signalera sa sortie en septembre 2018 du nouvel ouvrage de Michéa sans pouvoir en faire une synthèse, faute de place. Rappelons juste qu’il considère que l’analyse anticapitaliste actuelle des forces dites révolutionnaires ne va pas assez loin et qu’il y a même un accompagnement de ces courants dans le libéralisme culturel. En tout cas, il est toujours bon de lire ses livres aussi stimulants dans la période.
Notre ami pénivoxoix vient de publier un petit livre pour alerter sur le drame des expulsions locatives.
S’il est naturel de s’inquiéter du sort de ceux que la misère a expulsés de leur pays d’origine, il ne l’est pas moins de dénoncer l’ « abomination des expulsions locatives » au sein de notre république qui ne cesse de rappeler le « droit au logement « – désormais « décent » – de ses citoyens. Les rédacteurs du dernier opus de J.François Chalot pour lequel il a fait appel à divers contributeurs témoignent, chacun à leur manière, de leur approche du problème, qu’il soient eux-même victimes d’expulsions ou travailleurs sociaux venant en aide aux victimes d’expulsion ou de mal-logement.
On trouve notamment dans ce petit ouvrage une analyse détaillée du coût réel des expulsions éditée par le CNAFAL, d’où il ressort qu’il vaudrait mieux prendre en charge, ne serait-ce que momentanément, les loyers des expulsables plutôt que d’enclencher la lourde procédure d’expulsion. Il ne s’agit donc pas uniquement de bons sentiments mais de saine gestion des fonds publics.
Il est par ailleurs rappelé que les victimes de procédures d’expulsion ne sont pas toujours sans recours. On trouve dans l’ouvrage de judicieux conseils à l’intention de ceux qu’on menace de chasser de chez eux.
On y trouve aussi, hélas, des témoignages sur les situations dramatiques vécues par quelques uns ou quelques unes et sur l’aide que les associations leur ont apportée.
Sans être exhaustif, ce nouvel ouvrage offre un éclairage utile sur un problème que, par confort intellectuel, on a un peu trop tendance à négliger.
S’il est naturel de s’inquiéter du sort de ceux que la misère a expulsés de leur pays d’origine, il ne l’est pas moins de dénoncer l’ « abomination des expulsions locatives » au sein de notre république qui ne cesse de rappeler le « droit au logement « – désormais « décent » – de ses citoyens. Les rédacteurs du dernier opus de J.François Chalot pour lequel il a fait appel à divers contributeurs témoignent, chacun à leur manière, de leur approche du problème, qu’il soient eux-même victimes d’expulsions ou travailleurs sociaux venant en aide aux victimes d’expulsion ou de mal-logement.
On trouve notamment dans ce petit ouvrage une analyse détaillée du coût réel des expulsions éditée par le CNAFAL, d’où il ressort qu’il vaudrait mieux prendre en charge, ne serait-ce que momentanément, les loyers des expulsables plutôt que d’enclencher la lourde procédure d’expulsion. Il ne s’agit donc pas uniquement de bons sentiments mais de saine gestion des fonds publics.
Il est par ailleurs rappelé que les victimes de procédures d’expulsion ne sont pas toujours sans recours. On trouve dans l’ouvrage de judicieux conseils à l’intention de ceux qu’on menace de chasser de chez eux.
On y trouve aussi, hélas, des témoignages sur les situations dramatiques vécues par quelques uns ou quelques unes et sur l’aide que les associations leur ont apportée.
Sans être exhaustif, ce nouvel ouvrage offre un éclairage utile sur un problème que, par confort intellectuel, on a un peu trop tendance à négliger.