Résolution pour Militant sur l’élection présidentielle 2022 en France - AG du 30 octobre 2021.
Depuis 2017, Militant a estimé que le cadre de la France insoumise était le plus à même de réunir les conditions d’un début de changement dans le pays, de rassembler et de stimuler l’envie de faire de la politique.
Depuis 2017, les attentes de beaucoup n’ont pas été confirmées par la direction de la FI et même, une régression organisationnelle a été rapidement marquée.
C’est plutôt la désillusion qui caractérise une masse significative de membres et un repli. Nous souhaitions l’établissement d’une véritable organisation digne de ce nom, démocratique, dans laquelle différentes générations militantes auraient pu cohabiter et profiter du savoir de chacun pour aller de l’avant. Force est de constater que la stratégie de Jean-Luc Mélenchon a été à l’exact opposé, au désespoir de dizaines de milliers d’adhérents de la France insoumise qui est aujourd’hui réduite à une nébuleuse structurée autour du Parti de Gauche.
Depuis 2017, les raisons du succès de JL Mélenchon ont été remises en cause. La réinsertion dans la « gauche traditionnelle » et la recherche de « l’union de la gauche » qui n’apporte aucune dynamique de masse à caractère majoritaire, provoquent le désarroi et l’incompréhension. Certaines thématiques soulevées ces dernières années l’ont éloigné des couches populaires. D’autres ont été l’objet d’un affadissement du programme, comme la question cruciale de l’Europe. De nombreuses figures de la France insoumises sont parties, ont été chassées ou marginalisées[1]. Pour autant, Mélenchon reste une figure qui compte sans toutefois réunir les conditions du changement.
Le phénomène marquant de la période est la crise sans cesse aggravée de l’appareil idéologique d’Etat politique. Les revendications sociales se combinent avec une volonté de s’opposer à la dérive autoritaire du macronisme : mise en avant du RIC par les Gilets jaunes en 2018, mouvement de masse contre le Pass sanitaire et en défense des libertés en 2021.
Le phénomène de l’abstentionnisme politisé est devenu depuis 2017 un élément grandissant à chaque élection. On l’a vu avec l’abstention de 57 % au second tour des législatives 2017, de 50 % aux européennes de 2019, de 67 % aux régionales et de 68 % aux départementales de 2021. A ce stade, le taux d’abstention à la prochaine présidentielle est une inconnue totale, ce qui fausse d’ailleurs tous les sondages d’opinion puisque sont pris en compte uniquement les personnes se déclarant certaines d’aller voter, qui sont largement minoritaires. On peut donc émettre l’hypothèse que l’abstention à la présidentielle sera supérieure à 2017 (22 %) mais que la présidentielle demeurant la seule élection avec de réels enjeux, une majorité d’électeurs se déplacera. Pour autant, la question d’une dé légitimation totale de l’ensemble du système électoral est posée. Si elle devait se confirmer, cela impliquerait un changement d’orientation stratégique de notre part.
Là où la France insoumise aurait pu combler un vide de représentation politique du peuple, elle a échoué d’élection en élection. En cinq ans, aucune force politique dite de « gauche » ou « d’extrême gauche » n’a d’ailleurs pu incarner le vaste courant antisystème qui porte en lui les potentialités d’un mouvement révolutionnaire pour abattre le capitalisme et ouvrir la voie au socialisme. Cela tient à la méfiance envers le peuple qu’on aimerait bien domestiquer, que l’on considère de façon paternaliste, tel un enfant qu’il faudrait conduire par la main. Cela signifie que la relation bureaucratique aux masses est toujours une marque de fabrique de la « gauche » et qu’aucun bilan n’est réellement tiré du passé par les différents partis qui s’en réclament. Cela signifie que l’écart n’a pas été réduit mais c’est encore élargi en cinq ans. Lors de la révolte des Gilets jaunes, on a vu comment une partie de la « gauche » se rangeait du côté de l’ordre bourgeois, l’autre soutenant le mouvement mais de manière maladroite et globalement timorée. Dans le mouvement social contre le « pass sanitaire » on a vu que seuls d’anciens Gilets jaunes s’étaient engagés sans hésiter, les forces de « gauche » s’opposant au mouvement ou au mieux le soutenant verbalement, abandonnant le terrain de la lutte en défense des libertés démocratiques à la droite souverainiste (voire à l’extrême-droite) qui s’en est activement emparée.
Mais on ne domestique pas le peuple, il agit, vit indépendamment des logiques d’appareils. La France est le deuxième pays au monde (après l’Inde) le plus anticapitaliste : 69% de la population considère que le capitalisme fait plus de mal que de bien dans le monde. Par ailleurs, le peuple, et la classe ouvrière en son sein, a fait la démonstration ces dernières années de sa capacité à intervenir directement. Ce cocktail nous remplit d’espoir et nous conforte dans notre volonté de rassembler sur des bases nouvelles l’avant-garde qui se dégage peu à peu et cherche la voie de son émancipation. Tout cela offre donc de fortes potentialités pour construire un parti une force révolutionnaire, ancrée dans le quotidien des travailleurs, porteuse d’un projet socialiste expropriant les exploiteurs capitalistes et donnant au peuple la possibilité d’intervenir dans ses propres affaires par des organes d’auto-organisation. Ces quelques éléments sont autant de perspectives et d’une importance primordiale à défendre, au-delà de 2022.
Dans le cadre de la présidentielle, l’abstentionnisme va-t-il poursuivre son élan ou même se maintenir massivement ? La question se pose tant l’offre politique parait peu stimulante et décevante. Contrairement à 2017, la rédaction de Militant ne constate pas qu’un candidat s’impose « naturellement » par la dynamique populaire qu’il suscite. Ceci vaut pour Jean-Luc Mélenchon, mais aussi pour Arnaud Montebourg, sans parler de Fabien Roussel ou des candidats d’extrême-gauche.
JL Mélenchon est candidat ainsi qu’un certain nombre d’autres qui se réclament peu ou prou du même camp social que celui dont Militant se réclame. Pour Militant, le choix individuel de chacun d’entre nous pour chacun de ces candidats est légitime car il peut incarner une tradition, un choix social, un camp, même avec maladresse. Mais aucun ne représente une alternative réelle et sérieuse. Dans ces conditions, Militant n’appuiera aucune de ces candidatures, ne donnera pas de consignes de vote et ne s’inscrira dans le sillage d’aucun candidat [2].
L’heure n’est pas à la surenchère dans la division mais au regroupement sur un axe totalement différent : l’intervention active dans la lutte des classes et le rassemblement des éléments les plus conscients autour d’un programme conséquent. C’est dans ce sens que notre attention se porte tout particulièrement sur le combat engagé par un certain nombre de bases syndicales (TUI, PPG…) pour la coordination des entreprises en lutte contre les licenciements.
Nous appelons les militants syndicaux, associatifs, politiques, les intellectuels qui partagent les positions défendues précédemment à entrer en contact avec nous à se regrouper autour de la revue Militant.
[1] Liem Hoang Ngoc, Charlotte Girard, François Cocq, Hélène Franco, Manon Lebretton, Djorje Kuzmanovic, Jacques Généreux…
[2] Par conséquent, le sous-titre de notre revue ne sera plus « bulletin marxiste pour la France insoumise » mais « revue marxiste »
Depuis 2017, les attentes de beaucoup n’ont pas été confirmées par la direction de la FI et même, une régression organisationnelle a été rapidement marquée.
C’est plutôt la désillusion qui caractérise une masse significative de membres et un repli. Nous souhaitions l’établissement d’une véritable organisation digne de ce nom, démocratique, dans laquelle différentes générations militantes auraient pu cohabiter et profiter du savoir de chacun pour aller de l’avant. Force est de constater que la stratégie de Jean-Luc Mélenchon a été à l’exact opposé, au désespoir de dizaines de milliers d’adhérents de la France insoumise qui est aujourd’hui réduite à une nébuleuse structurée autour du Parti de Gauche.
Depuis 2017, les raisons du succès de JL Mélenchon ont été remises en cause. La réinsertion dans la « gauche traditionnelle » et la recherche de « l’union de la gauche » qui n’apporte aucune dynamique de masse à caractère majoritaire, provoquent le désarroi et l’incompréhension. Certaines thématiques soulevées ces dernières années l’ont éloigné des couches populaires. D’autres ont été l’objet d’un affadissement du programme, comme la question cruciale de l’Europe. De nombreuses figures de la France insoumises sont parties, ont été chassées ou marginalisées[1]. Pour autant, Mélenchon reste une figure qui compte sans toutefois réunir les conditions du changement.
Le phénomène marquant de la période est la crise sans cesse aggravée de l’appareil idéologique d’Etat politique. Les revendications sociales se combinent avec une volonté de s’opposer à la dérive autoritaire du macronisme : mise en avant du RIC par les Gilets jaunes en 2018, mouvement de masse contre le Pass sanitaire et en défense des libertés en 2021.
Le phénomène de l’abstentionnisme politisé est devenu depuis 2017 un élément grandissant à chaque élection. On l’a vu avec l’abstention de 57 % au second tour des législatives 2017, de 50 % aux européennes de 2019, de 67 % aux régionales et de 68 % aux départementales de 2021. A ce stade, le taux d’abstention à la prochaine présidentielle est une inconnue totale, ce qui fausse d’ailleurs tous les sondages d’opinion puisque sont pris en compte uniquement les personnes se déclarant certaines d’aller voter, qui sont largement minoritaires. On peut donc émettre l’hypothèse que l’abstention à la présidentielle sera supérieure à 2017 (22 %) mais que la présidentielle demeurant la seule élection avec de réels enjeux, une majorité d’électeurs se déplacera. Pour autant, la question d’une dé légitimation totale de l’ensemble du système électoral est posée. Si elle devait se confirmer, cela impliquerait un changement d’orientation stratégique de notre part.
Là où la France insoumise aurait pu combler un vide de représentation politique du peuple, elle a échoué d’élection en élection. En cinq ans, aucune force politique dite de « gauche » ou « d’extrême gauche » n’a d’ailleurs pu incarner le vaste courant antisystème qui porte en lui les potentialités d’un mouvement révolutionnaire pour abattre le capitalisme et ouvrir la voie au socialisme. Cela tient à la méfiance envers le peuple qu’on aimerait bien domestiquer, que l’on considère de façon paternaliste, tel un enfant qu’il faudrait conduire par la main. Cela signifie que la relation bureaucratique aux masses est toujours une marque de fabrique de la « gauche » et qu’aucun bilan n’est réellement tiré du passé par les différents partis qui s’en réclament. Cela signifie que l’écart n’a pas été réduit mais c’est encore élargi en cinq ans. Lors de la révolte des Gilets jaunes, on a vu comment une partie de la « gauche » se rangeait du côté de l’ordre bourgeois, l’autre soutenant le mouvement mais de manière maladroite et globalement timorée. Dans le mouvement social contre le « pass sanitaire » on a vu que seuls d’anciens Gilets jaunes s’étaient engagés sans hésiter, les forces de « gauche » s’opposant au mouvement ou au mieux le soutenant verbalement, abandonnant le terrain de la lutte en défense des libertés démocratiques à la droite souverainiste (voire à l’extrême-droite) qui s’en est activement emparée.
Mais on ne domestique pas le peuple, il agit, vit indépendamment des logiques d’appareils. La France est le deuxième pays au monde (après l’Inde) le plus anticapitaliste : 69% de la population considère que le capitalisme fait plus de mal que de bien dans le monde. Par ailleurs, le peuple, et la classe ouvrière en son sein, a fait la démonstration ces dernières années de sa capacité à intervenir directement. Ce cocktail nous remplit d’espoir et nous conforte dans notre volonté de rassembler sur des bases nouvelles l’avant-garde qui se dégage peu à peu et cherche la voie de son émancipation. Tout cela offre donc de fortes potentialités pour construire un parti une force révolutionnaire, ancrée dans le quotidien des travailleurs, porteuse d’un projet socialiste expropriant les exploiteurs capitalistes et donnant au peuple la possibilité d’intervenir dans ses propres affaires par des organes d’auto-organisation. Ces quelques éléments sont autant de perspectives et d’une importance primordiale à défendre, au-delà de 2022.
Dans le cadre de la présidentielle, l’abstentionnisme va-t-il poursuivre son élan ou même se maintenir massivement ? La question se pose tant l’offre politique parait peu stimulante et décevante. Contrairement à 2017, la rédaction de Militant ne constate pas qu’un candidat s’impose « naturellement » par la dynamique populaire qu’il suscite. Ceci vaut pour Jean-Luc Mélenchon, mais aussi pour Arnaud Montebourg, sans parler de Fabien Roussel ou des candidats d’extrême-gauche.
JL Mélenchon est candidat ainsi qu’un certain nombre d’autres qui se réclament peu ou prou du même camp social que celui dont Militant se réclame. Pour Militant, le choix individuel de chacun d’entre nous pour chacun de ces candidats est légitime car il peut incarner une tradition, un choix social, un camp, même avec maladresse. Mais aucun ne représente une alternative réelle et sérieuse. Dans ces conditions, Militant n’appuiera aucune de ces candidatures, ne donnera pas de consignes de vote et ne s’inscrira dans le sillage d’aucun candidat [2].
L’heure n’est pas à la surenchère dans la division mais au regroupement sur un axe totalement différent : l’intervention active dans la lutte des classes et le rassemblement des éléments les plus conscients autour d’un programme conséquent. C’est dans ce sens que notre attention se porte tout particulièrement sur le combat engagé par un certain nombre de bases syndicales (TUI, PPG…) pour la coordination des entreprises en lutte contre les licenciements.
Nous appelons les militants syndicaux, associatifs, politiques, les intellectuels qui partagent les positions défendues précédemment à entrer en contact avec nous à se regrouper autour de la revue Militant.
[1] Liem Hoang Ngoc, Charlotte Girard, François Cocq, Hélène Franco, Manon Lebretton, Djorje Kuzmanovic, Jacques Généreux…
[2] Par conséquent, le sous-titre de notre revue ne sera plus « bulletin marxiste pour la France insoumise » mais « revue marxiste »