Professions indépendantes : vers de nouvelles subordinationsau capitalisme
Par Eric Lester
Parmi les populations mises en lockout à la suite de l’effondrementboursier du mois de mars, figurent quelques 10 millions de salariés auxquels il faut ajouter les actifs indépendants. Comment se composent ces professions indépendantes ? 1,4 million d’artisans dont 53% sont en entreprises individuelles, 2 millions d’individus en profession
libérale et environ 1,5 million d’auto entrepreneurs. Soit un total de près de 5 millions de personnes. Pour la plupart, elles ne sont pas salariées ce qui les exclut du prolétariat et comme leur capital n’est pas séparé du travail, elles n’appartiennent pas à la classe des capitalistes.
En mars, la panique boursière a poussé la classe des capitalistes à marquer une pause dans la production des marchandises. L’épidémie de coronavirus est arrivée comme une aubaine: l’arrêt de l’activité économique n’était plus liée à une énorme surproduction mondiale de marchandises, mais à la bonne cause qui consiste à protéger la population d’une maladie inconnue. Il n’aura échappé à personne que le grand patronat est resté très discret : jamais sur le devant de la
scène, il a laissé son personnel politique gérer la paix sociale et l’encadrement de la population.
Le pouvoir politique n’a pas fait que gérer la paix sociale avec des mesures bienveillantes, comme le télétravail et les recommandations sanitaires. Il a aussi pris des mesures comme la suppression des 35 heures, la dérèglementation des
congés payés, ou encore emprunter sur les marchés financiers des sommes colossales pour prendre en charge le coup de l’arrêt des entreprises. Pour les professions indépendantes, le ton est bien moins conciliant. Puisqu’il fallait stopper
la propagation du coronavirus, l’ensemble des lieux publics se sont trouvés dans l’obligation de fermer.
Et comme tout n’est jamais parfaitement simple, s’il y avait une urgence sanitaire à fermer les salles de spectacle et les magasins de prêt à porter ça n’était plus du tout le cas pour les supermarchés... Pendant que le petit commerce était
en train d’asphyxier, la grande distribution et le commerce en ligne ont pu réaliser des chiffres d’affaires records. C’est
ainsi que grâce à une disposition politique, la décision autoritaire d’interdire l’exercice d’un certain nombre d’activités s’opère sous nos yeux une métamorphose de la distribution. Moins de points de vente c’est moins de personnes à
rémunérer, c’est supprimer des faux frais et améliorer les marges des gros distributeurs. Rififi médical... Pour la première fois, un pouvoir s’est doté d’un comité fantoche de censeurs médicaux baptisés « Conseil scientifique Covid-19 ».
Pendant que les personnels hospitaliers se trouvaient contraints dans certains endroits de s’équiper de sacs poubelles pour se protéger, la claque macronienne nous appelait tous les soirs à 20h depuis la radio ou la télévision à nous rendre à nos fenêtres pour les applaudir. Nous n’avons pas souvenir qu’il leur était fait les mêmes honneurs quand ils étaient il y a peu encore gazés et matraqués par les force de l’ordre. Situation loufoque si elle n’était pas tragique, les médecins des
hôpitaux se sont trouvés autorisés à prescrire le fameux traitement hydroxychloroquine/azitromicine à des malades qu’on peut supposer en état grave puisque hospitalisés, c’est-à-dire au moment où le traitement est le moins efficace.
Pendant ce temps, les médecins généralistes en ville se sont vus interdire la prescription de ces médicaments. La question n’est pas ici d’insister sur lamauvaise foi des détracteurs de vieux médicaments mais de constater que ceuxci
n’intéressent pas l’industrie pharmaceutique. L’injonction politique qui est faite au corps médical est bien : obéissez ! Ce qui compte c’est la restauration des taux de profits de l’industrie pharmaceutique. Cette restauration provoquera
des nouvelles réductions des dépenses de santé, de nouvelles suppressions de faux frais diverses et variées, de l’interdiction de la vente de médicaments peu rentables (1). Le charcutier, le plombier, le pharmacien (notons que les masques n’étaient disponibles que le 11 mai en pharmacie alors que la grande distribution pouvait les vendre dès le 4 mai), le coiffeur, l’avocat, le maçon, le comédien, le restaurateur, le médecin, etc ... tous ces professionnels dont le succès est intimement lié à leur talent et leur investissement personnel se retrouvaient dans les faits à subir les mêmes difficultés que les salariés : perspective déclassement-précarité. Avec la levée progressive du «confinement», la France commence à compter ses cadavres économiques. C’est Renault qui a ouvert le bal. Aujourd’hui on annonce une augmentation de 843 milles demandeurs d’emploi pour le mois d’avril soit une augmentation de 22,6% de chômeurs par rapport à mars. La disparition de la gauche militante puis de la gauche électorale et enfin du mouvement syndical a permis au pouvoir macronien de mener la bataille du capital sur tous les fronts. Combien de temps pourront-ils encore tenir sans réaction dumonde du travail? Une donnée majeure semble avoir changer c’est l’entrée du capitalisme dans une phase de stagnation dont à priori personne ne connait l’issue.
(1) À la suite de la publication d’une étude manifestement bidon, puisqu’elle ne cite aucune de ses sources, publiée dans la revue The Lancet, le gouvernement a interdit aujourd’hui la prescription hydroxychloriquine/azitromicine pour soigner du coronavirus. Cela ne risquait guère de changer grand chose puisque la liberté de prescription des médecins n’était pas remise en cause. Ils pourront donc continuer à faire des prescriptions hors AMM.
Parmi les populations mises en lockout à la suite de l’effondrementboursier du mois de mars, figurent quelques 10 millions de salariés auxquels il faut ajouter les actifs indépendants. Comment se composent ces professions indépendantes ? 1,4 million d’artisans dont 53% sont en entreprises individuelles, 2 millions d’individus en profession
libérale et environ 1,5 million d’auto entrepreneurs. Soit un total de près de 5 millions de personnes. Pour la plupart, elles ne sont pas salariées ce qui les exclut du prolétariat et comme leur capital n’est pas séparé du travail, elles n’appartiennent pas à la classe des capitalistes.
En mars, la panique boursière a poussé la classe des capitalistes à marquer une pause dans la production des marchandises. L’épidémie de coronavirus est arrivée comme une aubaine: l’arrêt de l’activité économique n’était plus liée à une énorme surproduction mondiale de marchandises, mais à la bonne cause qui consiste à protéger la population d’une maladie inconnue. Il n’aura échappé à personne que le grand patronat est resté très discret : jamais sur le devant de la
scène, il a laissé son personnel politique gérer la paix sociale et l’encadrement de la population.
Le pouvoir politique n’a pas fait que gérer la paix sociale avec des mesures bienveillantes, comme le télétravail et les recommandations sanitaires. Il a aussi pris des mesures comme la suppression des 35 heures, la dérèglementation des
congés payés, ou encore emprunter sur les marchés financiers des sommes colossales pour prendre en charge le coup de l’arrêt des entreprises. Pour les professions indépendantes, le ton est bien moins conciliant. Puisqu’il fallait stopper
la propagation du coronavirus, l’ensemble des lieux publics se sont trouvés dans l’obligation de fermer.
Et comme tout n’est jamais parfaitement simple, s’il y avait une urgence sanitaire à fermer les salles de spectacle et les magasins de prêt à porter ça n’était plus du tout le cas pour les supermarchés... Pendant que le petit commerce était
en train d’asphyxier, la grande distribution et le commerce en ligne ont pu réaliser des chiffres d’affaires records. C’est
ainsi que grâce à une disposition politique, la décision autoritaire d’interdire l’exercice d’un certain nombre d’activités s’opère sous nos yeux une métamorphose de la distribution. Moins de points de vente c’est moins de personnes à
rémunérer, c’est supprimer des faux frais et améliorer les marges des gros distributeurs. Rififi médical... Pour la première fois, un pouvoir s’est doté d’un comité fantoche de censeurs médicaux baptisés « Conseil scientifique Covid-19 ».
Pendant que les personnels hospitaliers se trouvaient contraints dans certains endroits de s’équiper de sacs poubelles pour se protéger, la claque macronienne nous appelait tous les soirs à 20h depuis la radio ou la télévision à nous rendre à nos fenêtres pour les applaudir. Nous n’avons pas souvenir qu’il leur était fait les mêmes honneurs quand ils étaient il y a peu encore gazés et matraqués par les force de l’ordre. Situation loufoque si elle n’était pas tragique, les médecins des
hôpitaux se sont trouvés autorisés à prescrire le fameux traitement hydroxychloroquine/azitromicine à des malades qu’on peut supposer en état grave puisque hospitalisés, c’est-à-dire au moment où le traitement est le moins efficace.
Pendant ce temps, les médecins généralistes en ville se sont vus interdire la prescription de ces médicaments. La question n’est pas ici d’insister sur lamauvaise foi des détracteurs de vieux médicaments mais de constater que ceuxci
n’intéressent pas l’industrie pharmaceutique. L’injonction politique qui est faite au corps médical est bien : obéissez ! Ce qui compte c’est la restauration des taux de profits de l’industrie pharmaceutique. Cette restauration provoquera
des nouvelles réductions des dépenses de santé, de nouvelles suppressions de faux frais diverses et variées, de l’interdiction de la vente de médicaments peu rentables (1). Le charcutier, le plombier, le pharmacien (notons que les masques n’étaient disponibles que le 11 mai en pharmacie alors que la grande distribution pouvait les vendre dès le 4 mai), le coiffeur, l’avocat, le maçon, le comédien, le restaurateur, le médecin, etc ... tous ces professionnels dont le succès est intimement lié à leur talent et leur investissement personnel se retrouvaient dans les faits à subir les mêmes difficultés que les salariés : perspective déclassement-précarité. Avec la levée progressive du «confinement», la France commence à compter ses cadavres économiques. C’est Renault qui a ouvert le bal. Aujourd’hui on annonce une augmentation de 843 milles demandeurs d’emploi pour le mois d’avril soit une augmentation de 22,6% de chômeurs par rapport à mars. La disparition de la gauche militante puis de la gauche électorale et enfin du mouvement syndical a permis au pouvoir macronien de mener la bataille du capital sur tous les fronts. Combien de temps pourront-ils encore tenir sans réaction dumonde du travail? Une donnée majeure semble avoir changer c’est l’entrée du capitalisme dans une phase de stagnation dont à priori personne ne connait l’issue.
(1) À la suite de la publication d’une étude manifestement bidon, puisqu’elle ne cite aucune de ses sources, publiée dans la revue The Lancet, le gouvernement a interdit aujourd’hui la prescription hydroxychloriquine/azitromicine pour soigner du coronavirus. Cela ne risquait guère de changer grand chose puisque la liberté de prescription des médecins n’était pas remise en cause. Ils pourront donc continuer à faire des prescriptions hors AMM.