pour une réhabilitation du Professeur Didier Raoult
Par Isabelle Lagny, (médecin, écrivain)
“Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.” Extrait du Serment d’Hippocrate. Ma préoccupation du moment est à propos des polémiques sur l’épidémie de Covid 19, des attaques contre le Professeur Didier Raoult, infectiologue à L’IHU de Marseille. Je crois que l’expérience qu’on a accumulé comme médecin est importante pour se repérer dans cet imbroglio d’informations grand public. D’où l’impression de certains qui ne sont pas médecin, qu’il faudrait "croire" ou "ne pas croire", effectivement. Pour ma part, pour analyser la démarche de Raoult, je me fie à ce que j’ai appris en médecine sur les maladies infectieuses. Je constate que sa démarche est extrêmement classique et raisonnée (1- tester la contagiosité, 2- isoler la personne si elle est positive le temps de 3- la traiter, et commencer par un médicament accessible qui montre une certaine efficacité). La controverse au sujet de cette démarche générale prônée par le Pr Raoult et bien d’autres, a été alimentée dans les médias en grande partie à cause de la direction générale de la santé et du ministère puisqu’ils ont d’emblée tergiversé. Pas de masques pour le public et pas de tests. A la fin on comprend que l’État avait détruit bêtement son stock de masques de réserve et empêché les laboratoires hors hôpitaux de réaliser des tests, et cela pour des raisons assez complexes, on le sait aujourd’hui. BFM TV se devait de dissimuler l’incompétence gouvernementale. Une raison alors d’attaquer Raoult qui, lui, avait tous les moyens à Marseille de mener cette démarche raisonnée sans entrave (un institut énorme qui a été aidé pour les tests à faire en un temps record, par des amis chercheurs de l’Inserm, du CNRS, qui ont prêté plusieurs machines à PCR pour détecter l’ARN viral). L’IHU à réalisé plus de 100 000 tests viraux en 3 mois grâce à ces financements publics et à cette coopération exceptionnelle. Cette démarche a été importante pour diminuer le nombre de personnes contagieuses à Marseille, parce qu’elles ont été séparées de leur famille le temps de guérir. Au contraire, à Paris (et ailleurs), on a laissé les gens qui avaient des symptômes évocateurs chez eux avec leurs proches et sans masques. Ils ont donc contaminé leur entourage. Tout cela est parfaitement documenté aujourd’hui et on ne peut le contester. Reste l’histoire du traitement. L’IHU a décidé dans l’urgence de traiter les malades peu graves avec l’association Hydroxy Chloroquine et Azithromycine (HCQ + AZ). Encore une démarche plus que raisonnable, à mes yeux de médecin. Pourquoi ? Ces deux médicaments avaient été repérés comme le REMDESIVIR pour avoir une action virucide sur ce virus en culture (in vitro). Le REMDESIVIR existe uniquement sous forme injectable, n’est pas commercialisé en officine, ses effets secondaires seraient importants, encore incomplètement connus, et il coûte bien plus cher. Or Raoult avait l’habitude d’utiliser l’association HCQ+AZ pour d’autres maladies infectieuses sur des milliers de patients. Il est très courant qu’un médecin qui connaît bien un médicament préfère l’utiliser pour traiter de nouveaux malades. Donc cette attitude ne m’étonne donc pas, et je la trouve a priori parfaitement raisonnable. C’est d’ailleurs une posture singulière de Raoult et son équipe : préférer trouver des traitements efficaces parmi les quantités de molécules déjà existantes et largement utilisées (sorte de recyclage intelligent), plutôt que dépenser du temps et de l’argent, et mettre en péril la vie des patients, pour la gloire de prouver l’efficacité d’un médicament nouveau. Les 25 premiers patients traités par l’équipe de L’IHU de Marseille ont vu leur contagiosité disparaître (sur le critère imparfait mais prometteur de la négativation du RT-PCR) en seulement quelques jours au lieu de 3 semaines (données obtenues préalablement par des équipes en Chine). C’était encourageant et Raoult l’a mis en ligne sur le site de l’IHU afin d’en faire profiter les collègues au plus tôt. Il s’exposait à des critiques, bien sûr, mais il n’était pas question pour lui de ménager un secret de cette nature alors que l’épidémie se développait partout à grande vitesse avec des risques de complications sérieuses ou de mort brutale. Il suivait en cela le serment d’Hippocrate plutôt que les habitudes de concurrence et de compétition devenues féroces dans la recherche sur le vivant. Pourquoi ensuite son choix thérapeutique a-t-il fait ensuite l’objet d’une médiatisation à outrance ? Pourquoi toute tête soi-disant pensante en France s’est- elle mêlée de dire si elle "croyait" ou pas dans le traitement du Pr Raoult? Remarquer au passage que des médecins chinois l’avaient déjà utilisé à Wuhan. Il a été utilisé dans bien d’autres pays par la suite. Il y a plusieurs raisons concomitantes au développement de cette polémique. 1) Des attaques contre la personne du Pr Raoult et contre la chloroquine ont été menées très tôt sur les plateaux TV notamment BFMTV, dont on connaît le goût pour le sensationnel. 2) En même temps, il y a eu une décision inédite du gouvernement: celle d’ interdire à tous les médecins généralistes en ville (décret du 26 mars 2020), la prescription d’un médicament. Cela ne s’est jamais vu. On aurait pu imaginer la réquisition de ce médicament pour les besoins de l’État, pour le bien de la population. Il n’en était rien. Cela a suscité une incompréhension totale des médecins de ville et des pharmaciens. D’autant plus douloureuse qu’ils étaient déjà privés de masques et de tests pour eux-même, qu’ils risquaient de se contaminer, et qu’on entravait leur liberté de traiter leurs patients comme ils le souhaitaient ou de se soigner eux-même. Cela a focalisé l’attention du public de la télévision et sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que la chloroquine, dont tout le monde se fichait jusqu’en février 2020 en France, est devenue l’enjeu de luttes de tous niveaux. Intellectuelles, passionnelles, fratricides sur les réseaux sociaux et dans les médias dits mainstream. Ce médicament peu cher et très rarement dangereux (si on écarte certains patients cardiaques ayant une anomalie réversible à l’ECG -allongement du QRS- ou des troubles du potassium sanguin) avait comme autre atout important le fait qu’il était commercialisé de longue date comme l’azithromicyne, et qu’il avait été pris des millions de fois sur des durées très longues (en mois ou années pour le paludisme et pour certaines maladies rhumatologiques courantes sans inconvénient). Je pouvais vérifier cela très facilement. Les effets secondaires des médicaments sont accessibles à tous les médecins dans le dictionnaire Vidal des médicaments. Ces informations y existent toujours pour la chloroquine, et l’hydroxy chloroquine (cp à 200 mg) comme utilisées à Marseille. Les effets les plus rares sont bien connus lorsque plusieurs années se sont écoulées depuis la mise sur le marché des médicaments (plus de 50 ans pour celui-là). Les commentateurs qui ont accusé le Pr Raoult de différents maux, ont été jusqu’à prétendre que ce médicament était très dangereux et venait de tuer plusieurs patients. Cela a été finalement démenti par le directeur de L’ANSM. C’est ce qu’a expliqué la psychiatre et députée Martine Wonner, qui a quitté le groupe LREM à la suite de ces événements qui l’ont scandalisée. 2 morts recensés et 1 suicide sur des dizaines de milliers de patients traités en France pour le Covid 19. Et encore on ne sait s’ils ne sont pas morts de myocardite comme il s’agit d’une complication relativement fréquente de cette maladie. Pourquoi ce déchaînement bizarre contre le Pr Raoult ? Début mars il reçoit même une menace de mort par SMS anonyme. La plainte contre X qu’il a déposée a permis de retrouver son auteur, un médecin dans un hôpital à Nantes, dont l’identité n’est pas révélée par le canard enchaîné qui rapporte l’événement. Très tôt le journaliste Alain Duhamel qualifie Didier Raoult de déséquilibré pour le vouer à la vindicte des téléspectateurs. Les nombreuses distinctions scientifiques de ce dernier ne comptent plus. Puis ce sont surtout soit des scientifiques non médecins comme Rémy Heitz du CNRS sur youtube, soit des médecins comme Karine Lacombe, ou un médecin infectiologue de l’hôpital Bichat, qui le prennent pour cible. On découvre ensuite grâce à l’hebdomadaire "Marianne", que ces deux médecins ont de longue date touché des sommes faramineuses de laboratoires pharmaceutiques, et justement ceux qui sont impliqués dans la course au traitement ou au vaccin contre le Covid 19. GILEAD, ROCHE, etc. Par ailleurs, contrairement à l’équipe de l’IHU de Marseille, l’agence nationale de la recherche (ANR) ne les considère pas suffisamment productifs dans leurs recherches apparemment, pour les faire bénéficier de ses financement publics très sélectifs. Ce sont encore ces deux médecins-chercheurs et d’autres, que l’INSERM a chargé de l’étude Discovery en France, étude européenne testant l’efficacité de plusieurs traitements contre le Covid 19 de malades hospitalisés. Étude randomisée et contrôlée qui ne cesse de faire débat elle aussi et qui finalement semble avoir échoué en raison d’une part de lourdeurs administratives prévisibles mais aussi d’autre part, faute de malades volontaires pour accepter de ne recevoir qu’un placébo. Comme il s’agissait de personnes en danger vital, on les comprend aisément. C’est d’ailleurs la raison qu’invoque Raoult pour avoir préféré d’emblée faire une étude observationnelle rétrospective sans groupe contrôle. En bon médecin, il se refuse à ne pas donner le meilleur traitement aux patients qui se présentent à l’IHU. L’IHU de Marseille travaille principalement avec un financement ANR, donc public, de plusieurs dizaines millions d’euros... Un privilège susceptible d’alimenter jalousie et rancœur chez des collègues moins chanceux. La politique actuelle en France de financement de la recherche publique, amène les perdants à une dépendance obligée envers l’industrie pharmaceutiques pour la recherche en sciences de la vie et en médecine. Et puis pour comprendre le développement de la polémique, il y a ces médecins de passage à la télé, qui ne sont pas chercheurs, mais aiment se montrer ou bien peut-être aussi faire œuvre de vulgarisation dans le meilleur des cas. Mais généralement, plutôt que d’être pédagogues et curieux, ils se contentent de répéter ce qui se dit le plus sur la chaîne, ce qu’attend le public inculte d’aujourd’hui, et ils se font bien sûr payer pour cela. On apprend ensuite que le laboratoire GILEAD (qui commercialise le REMDESIVIR concurrent de HCQ), possède des actions chez BFMTV (voir les enquêtes de l’hebdomadaire Marianne). Donc cette chaîne qui continue de prétendre faire des révélations fracassantes sur tout sujets, et qui affichait chaque soir et toutes les minutes le portrait du Pr Raoult en bas de l’écran, à une stratégie dirigée par GILEAD. Les différentes annonces médicomédiatiques concernant REMDESIVIR et Hydroxy Chloroquine, ont la capacité de faire fluctuer de plusieurs milliards de dollars, GILEAD à la bourse de New York... Par dessus tout cela, le gouvernement et les médias dominants qui dépendent de plusieurs milliardaires aussi, ont alimenté la peur de la population. Des mesures liberticides ont été imposées à l’opposition à l’Assemblée nationale. Or dès le départ, les ratés du gouvernement dans la prise en charge de l’épidémie (pas de masques, pas de tests), le délabrement de l’hôpital public, ont très vraisemblablement compté dans cet excès de morts à domicile, en Ehpad (patients abandonnés avec du Doliprane) et à l’hôpital (après un éprouvant séjour en réanimation)... Sauf à Marseille ! Voilà comment, selon moi, on a manipulé la population, comment on a créé du sensationnel, de la tristesse, voire de la haine entre les gens. Pourquoi on jette la meute et "les idiots utiles" aux trousses du Pr Raoult. Lorsque je vois le résultat final maintenant que l’épidémie est pratiquement finie en France, je ne peux que féliciter le travail surhumain des équipes de l’IHU de Marseille. Ils ont remonté le moral des Marseillais, ne les ont pas abandonnés, ont traité plus de 4000 personnes covid +, un grand nombre avec le protocole HCQ + AZ lorsque le stade de la maladie le permettait. La plupart des gens ont été traités sans hospitalisation. La mortalité en réanimation a été beaucoup plus rare à l’IHU de Marseille (<20%) qu’à Paris ou dans le Grand Est et les Hauts-de-France. L’épidémie a été moins importante et plus courte aussi grâce à la prévention. Comme je le répète, je juge que le Pr Raoult a agi avec les yeux et le raisonnement d’un médecin sur des critères simples d’hypothèses et de déductions médicales. C’est notre savoir-faire à nous médecin qui évaluons les traitements, non de manière statistique et moyenne, mais par l’accumulation des résultats individuels quantitatifs et aussi qualitatifs. Les habitants de Marseille eux se sont sentis réconfortés, sécurisés par ce grand institut. Nombre de français aussi qui se sont associés sur FB, l’un des groupes comptant plus de 500 000 internautes. Nombre d’entre eux ont sans doute eu la conviction (à tort ou raison) que c’étaient les médicaments qu’ils avaient reçus qui, en 48h souvent, balayaient leurs symptômes. A Marseille, il y a eu des défilés festifs et symboliques d’éboueurs, puis un autre jour, de chauffeurs de taxi reconnaissants à l’IHU de Marseille. Le Pr Raoult a reçu des cadeaux personnels. La reconnaissance des patients, je la connais. Cela peut être débordant. Émouvant. Là, c’est une réaction de la population inédite par son ampleur et son caractère collectif qu’on a pu voir car relayée sur les réseaux sociaux. Quant à moi, je lui suis redevable des mots d’espoir que ses explications claires nous ont délivrés à qui les ont cherchées. J’admire aussi ce médecin qui a courageusement travaillé d’arrache-pied avec ses collègues de l’IHU, un institut de pointe de 800 salariés, pour secourir des personnes angoissées ou réellement en danger pour leur santé ou leur vie. Tous ensemble dans la situation critique, ils n’ont pas compté leur temps, réalisant tests et soins 24h/24. Le côté folklorique et factice du personnage construit par les médias, est conçu pour manipuler l’opinion. Il ne m’intéresse pas.
“Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.” Extrait du Serment d’Hippocrate. Ma préoccupation du moment est à propos des polémiques sur l’épidémie de Covid 19, des attaques contre le Professeur Didier Raoult, infectiologue à L’IHU de Marseille. Je crois que l’expérience qu’on a accumulé comme médecin est importante pour se repérer dans cet imbroglio d’informations grand public. D’où l’impression de certains qui ne sont pas médecin, qu’il faudrait "croire" ou "ne pas croire", effectivement. Pour ma part, pour analyser la démarche de Raoult, je me fie à ce que j’ai appris en médecine sur les maladies infectieuses. Je constate que sa démarche est extrêmement classique et raisonnée (1- tester la contagiosité, 2- isoler la personne si elle est positive le temps de 3- la traiter, et commencer par un médicament accessible qui montre une certaine efficacité). La controverse au sujet de cette démarche générale prônée par le Pr Raoult et bien d’autres, a été alimentée dans les médias en grande partie à cause de la direction générale de la santé et du ministère puisqu’ils ont d’emblée tergiversé. Pas de masques pour le public et pas de tests. A la fin on comprend que l’État avait détruit bêtement son stock de masques de réserve et empêché les laboratoires hors hôpitaux de réaliser des tests, et cela pour des raisons assez complexes, on le sait aujourd’hui. BFM TV se devait de dissimuler l’incompétence gouvernementale. Une raison alors d’attaquer Raoult qui, lui, avait tous les moyens à Marseille de mener cette démarche raisonnée sans entrave (un institut énorme qui a été aidé pour les tests à faire en un temps record, par des amis chercheurs de l’Inserm, du CNRS, qui ont prêté plusieurs machines à PCR pour détecter l’ARN viral). L’IHU à réalisé plus de 100 000 tests viraux en 3 mois grâce à ces financements publics et à cette coopération exceptionnelle. Cette démarche a été importante pour diminuer le nombre de personnes contagieuses à Marseille, parce qu’elles ont été séparées de leur famille le temps de guérir. Au contraire, à Paris (et ailleurs), on a laissé les gens qui avaient des symptômes évocateurs chez eux avec leurs proches et sans masques. Ils ont donc contaminé leur entourage. Tout cela est parfaitement documenté aujourd’hui et on ne peut le contester. Reste l’histoire du traitement. L’IHU a décidé dans l’urgence de traiter les malades peu graves avec l’association Hydroxy Chloroquine et Azithromycine (HCQ + AZ). Encore une démarche plus que raisonnable, à mes yeux de médecin. Pourquoi ? Ces deux médicaments avaient été repérés comme le REMDESIVIR pour avoir une action virucide sur ce virus en culture (in vitro). Le REMDESIVIR existe uniquement sous forme injectable, n’est pas commercialisé en officine, ses effets secondaires seraient importants, encore incomplètement connus, et il coûte bien plus cher. Or Raoult avait l’habitude d’utiliser l’association HCQ+AZ pour d’autres maladies infectieuses sur des milliers de patients. Il est très courant qu’un médecin qui connaît bien un médicament préfère l’utiliser pour traiter de nouveaux malades. Donc cette attitude ne m’étonne donc pas, et je la trouve a priori parfaitement raisonnable. C’est d’ailleurs une posture singulière de Raoult et son équipe : préférer trouver des traitements efficaces parmi les quantités de molécules déjà existantes et largement utilisées (sorte de recyclage intelligent), plutôt que dépenser du temps et de l’argent, et mettre en péril la vie des patients, pour la gloire de prouver l’efficacité d’un médicament nouveau. Les 25 premiers patients traités par l’équipe de L’IHU de Marseille ont vu leur contagiosité disparaître (sur le critère imparfait mais prometteur de la négativation du RT-PCR) en seulement quelques jours au lieu de 3 semaines (données obtenues préalablement par des équipes en Chine). C’était encourageant et Raoult l’a mis en ligne sur le site de l’IHU afin d’en faire profiter les collègues au plus tôt. Il s’exposait à des critiques, bien sûr, mais il n’était pas question pour lui de ménager un secret de cette nature alors que l’épidémie se développait partout à grande vitesse avec des risques de complications sérieuses ou de mort brutale. Il suivait en cela le serment d’Hippocrate plutôt que les habitudes de concurrence et de compétition devenues féroces dans la recherche sur le vivant. Pourquoi ensuite son choix thérapeutique a-t-il fait ensuite l’objet d’une médiatisation à outrance ? Pourquoi toute tête soi-disant pensante en France s’est- elle mêlée de dire si elle "croyait" ou pas dans le traitement du Pr Raoult? Remarquer au passage que des médecins chinois l’avaient déjà utilisé à Wuhan. Il a été utilisé dans bien d’autres pays par la suite. Il y a plusieurs raisons concomitantes au développement de cette polémique. 1) Des attaques contre la personne du Pr Raoult et contre la chloroquine ont été menées très tôt sur les plateaux TV notamment BFMTV, dont on connaît le goût pour le sensationnel. 2) En même temps, il y a eu une décision inédite du gouvernement: celle d’ interdire à tous les médecins généralistes en ville (décret du 26 mars 2020), la prescription d’un médicament. Cela ne s’est jamais vu. On aurait pu imaginer la réquisition de ce médicament pour les besoins de l’État, pour le bien de la population. Il n’en était rien. Cela a suscité une incompréhension totale des médecins de ville et des pharmaciens. D’autant plus douloureuse qu’ils étaient déjà privés de masques et de tests pour eux-même, qu’ils risquaient de se contaminer, et qu’on entravait leur liberté de traiter leurs patients comme ils le souhaitaient ou de se soigner eux-même. Cela a focalisé l’attention du public de la télévision et sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que la chloroquine, dont tout le monde se fichait jusqu’en février 2020 en France, est devenue l’enjeu de luttes de tous niveaux. Intellectuelles, passionnelles, fratricides sur les réseaux sociaux et dans les médias dits mainstream. Ce médicament peu cher et très rarement dangereux (si on écarte certains patients cardiaques ayant une anomalie réversible à l’ECG -allongement du QRS- ou des troubles du potassium sanguin) avait comme autre atout important le fait qu’il était commercialisé de longue date comme l’azithromicyne, et qu’il avait été pris des millions de fois sur des durées très longues (en mois ou années pour le paludisme et pour certaines maladies rhumatologiques courantes sans inconvénient). Je pouvais vérifier cela très facilement. Les effets secondaires des médicaments sont accessibles à tous les médecins dans le dictionnaire Vidal des médicaments. Ces informations y existent toujours pour la chloroquine, et l’hydroxy chloroquine (cp à 200 mg) comme utilisées à Marseille. Les effets les plus rares sont bien connus lorsque plusieurs années se sont écoulées depuis la mise sur le marché des médicaments (plus de 50 ans pour celui-là). Les commentateurs qui ont accusé le Pr Raoult de différents maux, ont été jusqu’à prétendre que ce médicament était très dangereux et venait de tuer plusieurs patients. Cela a été finalement démenti par le directeur de L’ANSM. C’est ce qu’a expliqué la psychiatre et députée Martine Wonner, qui a quitté le groupe LREM à la suite de ces événements qui l’ont scandalisée. 2 morts recensés et 1 suicide sur des dizaines de milliers de patients traités en France pour le Covid 19. Et encore on ne sait s’ils ne sont pas morts de myocardite comme il s’agit d’une complication relativement fréquente de cette maladie. Pourquoi ce déchaînement bizarre contre le Pr Raoult ? Début mars il reçoit même une menace de mort par SMS anonyme. La plainte contre X qu’il a déposée a permis de retrouver son auteur, un médecin dans un hôpital à Nantes, dont l’identité n’est pas révélée par le canard enchaîné qui rapporte l’événement. Très tôt le journaliste Alain Duhamel qualifie Didier Raoult de déséquilibré pour le vouer à la vindicte des téléspectateurs. Les nombreuses distinctions scientifiques de ce dernier ne comptent plus. Puis ce sont surtout soit des scientifiques non médecins comme Rémy Heitz du CNRS sur youtube, soit des médecins comme Karine Lacombe, ou un médecin infectiologue de l’hôpital Bichat, qui le prennent pour cible. On découvre ensuite grâce à l’hebdomadaire "Marianne", que ces deux médecins ont de longue date touché des sommes faramineuses de laboratoires pharmaceutiques, et justement ceux qui sont impliqués dans la course au traitement ou au vaccin contre le Covid 19. GILEAD, ROCHE, etc. Par ailleurs, contrairement à l’équipe de l’IHU de Marseille, l’agence nationale de la recherche (ANR) ne les considère pas suffisamment productifs dans leurs recherches apparemment, pour les faire bénéficier de ses financement publics très sélectifs. Ce sont encore ces deux médecins-chercheurs et d’autres, que l’INSERM a chargé de l’étude Discovery en France, étude européenne testant l’efficacité de plusieurs traitements contre le Covid 19 de malades hospitalisés. Étude randomisée et contrôlée qui ne cesse de faire débat elle aussi et qui finalement semble avoir échoué en raison d’une part de lourdeurs administratives prévisibles mais aussi d’autre part, faute de malades volontaires pour accepter de ne recevoir qu’un placébo. Comme il s’agissait de personnes en danger vital, on les comprend aisément. C’est d’ailleurs la raison qu’invoque Raoult pour avoir préféré d’emblée faire une étude observationnelle rétrospective sans groupe contrôle. En bon médecin, il se refuse à ne pas donner le meilleur traitement aux patients qui se présentent à l’IHU. L’IHU de Marseille travaille principalement avec un financement ANR, donc public, de plusieurs dizaines millions d’euros... Un privilège susceptible d’alimenter jalousie et rancœur chez des collègues moins chanceux. La politique actuelle en France de financement de la recherche publique, amène les perdants à une dépendance obligée envers l’industrie pharmaceutiques pour la recherche en sciences de la vie et en médecine. Et puis pour comprendre le développement de la polémique, il y a ces médecins de passage à la télé, qui ne sont pas chercheurs, mais aiment se montrer ou bien peut-être aussi faire œuvre de vulgarisation dans le meilleur des cas. Mais généralement, plutôt que d’être pédagogues et curieux, ils se contentent de répéter ce qui se dit le plus sur la chaîne, ce qu’attend le public inculte d’aujourd’hui, et ils se font bien sûr payer pour cela. On apprend ensuite que le laboratoire GILEAD (qui commercialise le REMDESIVIR concurrent de HCQ), possède des actions chez BFMTV (voir les enquêtes de l’hebdomadaire Marianne). Donc cette chaîne qui continue de prétendre faire des révélations fracassantes sur tout sujets, et qui affichait chaque soir et toutes les minutes le portrait du Pr Raoult en bas de l’écran, à une stratégie dirigée par GILEAD. Les différentes annonces médicomédiatiques concernant REMDESIVIR et Hydroxy Chloroquine, ont la capacité de faire fluctuer de plusieurs milliards de dollars, GILEAD à la bourse de New York... Par dessus tout cela, le gouvernement et les médias dominants qui dépendent de plusieurs milliardaires aussi, ont alimenté la peur de la population. Des mesures liberticides ont été imposées à l’opposition à l’Assemblée nationale. Or dès le départ, les ratés du gouvernement dans la prise en charge de l’épidémie (pas de masques, pas de tests), le délabrement de l’hôpital public, ont très vraisemblablement compté dans cet excès de morts à domicile, en Ehpad (patients abandonnés avec du Doliprane) et à l’hôpital (après un éprouvant séjour en réanimation)... Sauf à Marseille ! Voilà comment, selon moi, on a manipulé la population, comment on a créé du sensationnel, de la tristesse, voire de la haine entre les gens. Pourquoi on jette la meute et "les idiots utiles" aux trousses du Pr Raoult. Lorsque je vois le résultat final maintenant que l’épidémie est pratiquement finie en France, je ne peux que féliciter le travail surhumain des équipes de l’IHU de Marseille. Ils ont remonté le moral des Marseillais, ne les ont pas abandonnés, ont traité plus de 4000 personnes covid +, un grand nombre avec le protocole HCQ + AZ lorsque le stade de la maladie le permettait. La plupart des gens ont été traités sans hospitalisation. La mortalité en réanimation a été beaucoup plus rare à l’IHU de Marseille (<20%) qu’à Paris ou dans le Grand Est et les Hauts-de-France. L’épidémie a été moins importante et plus courte aussi grâce à la prévention. Comme je le répète, je juge que le Pr Raoult a agi avec les yeux et le raisonnement d’un médecin sur des critères simples d’hypothèses et de déductions médicales. C’est notre savoir-faire à nous médecin qui évaluons les traitements, non de manière statistique et moyenne, mais par l’accumulation des résultats individuels quantitatifs et aussi qualitatifs. Les habitants de Marseille eux se sont sentis réconfortés, sécurisés par ce grand institut. Nombre de français aussi qui se sont associés sur FB, l’un des groupes comptant plus de 500 000 internautes. Nombre d’entre eux ont sans doute eu la conviction (à tort ou raison) que c’étaient les médicaments qu’ils avaient reçus qui, en 48h souvent, balayaient leurs symptômes. A Marseille, il y a eu des défilés festifs et symboliques d’éboueurs, puis un autre jour, de chauffeurs de taxi reconnaissants à l’IHU de Marseille. Le Pr Raoult a reçu des cadeaux personnels. La reconnaissance des patients, je la connais. Cela peut être débordant. Émouvant. Là, c’est une réaction de la population inédite par son ampleur et son caractère collectif qu’on a pu voir car relayée sur les réseaux sociaux. Quant à moi, je lui suis redevable des mots d’espoir que ses explications claires nous ont délivrés à qui les ont cherchées. J’admire aussi ce médecin qui a courageusement travaillé d’arrache-pied avec ses collègues de l’IHU, un institut de pointe de 800 salariés, pour secourir des personnes angoissées ou réellement en danger pour leur santé ou leur vie. Tous ensemble dans la situation critique, ils n’ont pas compté leur temps, réalisant tests et soins 24h/24. Le côté folklorique et factice du personnage construit par les médias, est conçu pour manipuler l’opinion. Il ne m’intéresse pas.