LE CONTOURNEMENT EST DE ROUEN : Un feuilleton qui se poursuit depuis 50 ans.
La photo jointe pour illustrer cet article montre l’actuel Président de la Région(au centre), l’actuel Président du Département(à droite) et le précédent Président de la Métropole (à gauche) lors de la signature de leur accord pour le financement du contournement est de Rouen, le 13 septembre 2017. Pourra t’on bientôt parler d’un photo du « monde d’avant » ?
LE PROJET vise au désengorgement routier de Rouen et de sa métropole, avec la création de 41,5 kilomètres d’autoroute à péage entre les autoroutes A13 et A28.
HISTORIQUE DU PROJET : Le Schéma Directeur de l’Aménagement Urbain (SDAU) projette en 1972 la création d’une « grande rocade » pour contourner Rouen. Un premier débat public a lieu en 2005. Une concertation publique est mise en place en 2014. Un deuxième débat public a lieu en 2016. La Déclaration d’Intérêt Publique (DUP) intervient en 2017. Le projet est identifié par l’Etat comme prioritaire dans la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM). Le Conseil d’Etat rejette la totalité des recours en annulation en novembre 2020. Le lancement des travaux est prévu en 2020 pour une mise en service du contournement en 2024, dans le cadre d’une concession autoroutière à péage. (Le concessionnaire privé percevant les recettes du péage, de montants estimés de l’ordre de 5 euros pour les véhicules légers et de 15 euros pour les poids lourds).
FINANCEMENTS : Le plan de financement a été calé en 2017. Etat, maître d’ouvrage : 245 Millions d’Euros (M.E.). Région : 157 M.E. Département : 22 M.E. Métropole : 66 M.E. Total de l’investissement public: 490 M.E. Investissement privé (concessionnaire) : 400 M.E.
LE REVIREMENT DE LA METROPOLE. LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 2020 portent les prémices de la remise en cause du projet ; l’actuel Maire de Rouen et Président de la Métropole étant alors candidat PS de l’élection municipale avec l’objectif de constituer une majorité politique avec les Verts et le PCF (tous deux hostiles au contournement, alors que le PS y était favorable.) Dans ce contexte le candidat PS, annonçant également qu’il serait ensuite candidat à la Présidence de la Métropole s’est rangé à l’avis de ses partenaires, en déclarant qu’il s’opposerait désormais au contournement et à son financement par la Métropole. Elu Maire de Rouen puis Président de la Métropole, la Métropole s’est effectivement désengagée du financement du projet par un vote en date du 8 février 2021.
LES ARGUMENTS DEVELOPPES POUR JUSTIFIER CE RETRAIT : L’URGENCE ECOLOGIQUE. Le Président reconnait avoir précédemment sous estimé la gravité de l’état de la planète, affirmant que « le monde change » et qu’il faut changer avec lui. Il considère maintenant le contournement comme un projet du passé privilégiant « le tout camion » et peu soucieux du respect de l’environnement. Refus de l’artificialisation de 540 hectares de terres naturelles, agricoles et forêts. . Un projet alternatif est proposé, concernant notamment le développement des transports collectifs ainsi que celui du fret ferroviaire et fluvial.
LA REACTION DES PARTISANS DU CONTOURNEMENT (essentiellement le centre droit et la droite, avec le soutien appuyé de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rouen) Le revirement de la Métropole est vu comme une action politicienne résultant d’accords électoraux conduisant à l’abandon d’un projet d’intérêt général. La Région et le Département déclarent qu’ils vont compenser le désengagement financier de la Métropole. Affirmation qu’un contournement fluide génère moins de gaz à effet de serre qu’un engorgement urbain permanent. La CCI considère que le contournement est vital pour l’ensemble du bassin économique métropolitain. Selon un sondage IFOP 80% des habitants de la Métropole seraient favorables à ce contournement « attendu par la population et par les entreprises ». (Sondage contesté par les opposants au projet relevant notamment que son questionnement éludait par exemple le sujet du péage).
LA POSITION ACTUELLE DE L’ETAT, seul maître d’ouvrage donc seul décideur. La Ministre de la Transition écologique prône la tenue d’ « un débat apaisé et réaliste ».
COMMENT SORTIR DE CET IMBROGLIO ? La voie démocratique permettant la recherche d’une issue aurait idéalement pu être le recours à un référendum ou à une consultation des citoyens. Mais le cadre juridique français est clairement opposé à ce type de pratiques politiques. Du fait de l’illégalité du recours au référendum par une métropole, seule une consultation aurait pu être envisagée (sachant que la mobilisation populaire hostile au contournement a été principalement portée par les riverains du tracé de l’autoroute). Les élections régionales et départementales de juin prochain pourraient éventuellement être de nature à entrainer de nouveaux désengagements (en cas de basculement-s- à gauche). L’Etat doit trancher en dernier ressort. Son désengagement reste possible, et pourrait permettre au gouvernement d’afficher avant l’élection présidentielle une décision empreinte d’écologie. Le feuilleton va donc se poursuivre. Jusqu’à quand ?
Complémentairement à cette analyse, deux situations particulières me paraissent intéressantes à présenter : L’intervention d’un élu métropolitain, Maire de sa commune, ex PS maintenant proche de LREM, parlant d’une « mascarade de démocratie », en soulignant qu’une majorité des maires de la métropole ont voté contre la délibération ; et fustigeant « des accords électoraux et politiciens passés entre le PS et les Verts ».
La position du Maire de Maromme, ma ville, est à mentionner, puisqu’il est distingué de la majorité du Conseil métropolitain (dont il est vice-président) en s’opposant à la délibération, expliquant sa volonté de rester cohérent avec ses votes précédents favorables au contournement tant à la Métropole qu’au Conseil Départemental. Je dois dire que cette position m’a surpris dans la mesure où siégeant naguère dans sa majorité PS au Conseil municipal de Maromme, j’ai eu l’occasion de dénoncer ses pratiques répressives à l’égard de toute expression divergente au sein même de sa majorité. (Par la suite j’ai rejoint le Front de Gauche, puis la France Insoumise).
Le 18 mars 2021 Bernard MUNIN correspondant local du Bulletin »MILITANT » pour la France Insoumise.
HISTORIQUE DU PROJET : Le Schéma Directeur de l’Aménagement Urbain (SDAU) projette en 1972 la création d’une « grande rocade » pour contourner Rouen. Un premier débat public a lieu en 2005. Une concertation publique est mise en place en 2014. Un deuxième débat public a lieu en 2016. La Déclaration d’Intérêt Publique (DUP) intervient en 2017. Le projet est identifié par l’Etat comme prioritaire dans la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM). Le Conseil d’Etat rejette la totalité des recours en annulation en novembre 2020. Le lancement des travaux est prévu en 2020 pour une mise en service du contournement en 2024, dans le cadre d’une concession autoroutière à péage. (Le concessionnaire privé percevant les recettes du péage, de montants estimés de l’ordre de 5 euros pour les véhicules légers et de 15 euros pour les poids lourds).
FINANCEMENTS : Le plan de financement a été calé en 2017. Etat, maître d’ouvrage : 245 Millions d’Euros (M.E.). Région : 157 M.E. Département : 22 M.E. Métropole : 66 M.E. Total de l’investissement public: 490 M.E. Investissement privé (concessionnaire) : 400 M.E.
LE REVIREMENT DE LA METROPOLE. LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 2020 portent les prémices de la remise en cause du projet ; l’actuel Maire de Rouen et Président de la Métropole étant alors candidat PS de l’élection municipale avec l’objectif de constituer une majorité politique avec les Verts et le PCF (tous deux hostiles au contournement, alors que le PS y était favorable.) Dans ce contexte le candidat PS, annonçant également qu’il serait ensuite candidat à la Présidence de la Métropole s’est rangé à l’avis de ses partenaires, en déclarant qu’il s’opposerait désormais au contournement et à son financement par la Métropole. Elu Maire de Rouen puis Président de la Métropole, la Métropole s’est effectivement désengagée du financement du projet par un vote en date du 8 février 2021.
LES ARGUMENTS DEVELOPPES POUR JUSTIFIER CE RETRAIT : L’URGENCE ECOLOGIQUE. Le Président reconnait avoir précédemment sous estimé la gravité de l’état de la planète, affirmant que « le monde change » et qu’il faut changer avec lui. Il considère maintenant le contournement comme un projet du passé privilégiant « le tout camion » et peu soucieux du respect de l’environnement. Refus de l’artificialisation de 540 hectares de terres naturelles, agricoles et forêts. . Un projet alternatif est proposé, concernant notamment le développement des transports collectifs ainsi que celui du fret ferroviaire et fluvial.
LA REACTION DES PARTISANS DU CONTOURNEMENT (essentiellement le centre droit et la droite, avec le soutien appuyé de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rouen) Le revirement de la Métropole est vu comme une action politicienne résultant d’accords électoraux conduisant à l’abandon d’un projet d’intérêt général. La Région et le Département déclarent qu’ils vont compenser le désengagement financier de la Métropole. Affirmation qu’un contournement fluide génère moins de gaz à effet de serre qu’un engorgement urbain permanent. La CCI considère que le contournement est vital pour l’ensemble du bassin économique métropolitain. Selon un sondage IFOP 80% des habitants de la Métropole seraient favorables à ce contournement « attendu par la population et par les entreprises ». (Sondage contesté par les opposants au projet relevant notamment que son questionnement éludait par exemple le sujet du péage).
LA POSITION ACTUELLE DE L’ETAT, seul maître d’ouvrage donc seul décideur. La Ministre de la Transition écologique prône la tenue d’ « un débat apaisé et réaliste ».
COMMENT SORTIR DE CET IMBROGLIO ? La voie démocratique permettant la recherche d’une issue aurait idéalement pu être le recours à un référendum ou à une consultation des citoyens. Mais le cadre juridique français est clairement opposé à ce type de pratiques politiques. Du fait de l’illégalité du recours au référendum par une métropole, seule une consultation aurait pu être envisagée (sachant que la mobilisation populaire hostile au contournement a été principalement portée par les riverains du tracé de l’autoroute). Les élections régionales et départementales de juin prochain pourraient éventuellement être de nature à entrainer de nouveaux désengagements (en cas de basculement-s- à gauche). L’Etat doit trancher en dernier ressort. Son désengagement reste possible, et pourrait permettre au gouvernement d’afficher avant l’élection présidentielle une décision empreinte d’écologie. Le feuilleton va donc se poursuivre. Jusqu’à quand ?
Complémentairement à cette analyse, deux situations particulières me paraissent intéressantes à présenter : L’intervention d’un élu métropolitain, Maire de sa commune, ex PS maintenant proche de LREM, parlant d’une « mascarade de démocratie », en soulignant qu’une majorité des maires de la métropole ont voté contre la délibération ; et fustigeant « des accords électoraux et politiciens passés entre le PS et les Verts ».
La position du Maire de Maromme, ma ville, est à mentionner, puisqu’il est distingué de la majorité du Conseil métropolitain (dont il est vice-président) en s’opposant à la délibération, expliquant sa volonté de rester cohérent avec ses votes précédents favorables au contournement tant à la Métropole qu’au Conseil Départemental. Je dois dire que cette position m’a surpris dans la mesure où siégeant naguère dans sa majorité PS au Conseil municipal de Maromme, j’ai eu l’occasion de dénoncer ses pratiques répressives à l’égard de toute expression divergente au sein même de sa majorité. (Par la suite j’ai rejoint le Front de Gauche, puis la France Insoumise).
Le 18 mars 2021 Bernard MUNIN correspondant local du Bulletin »MILITANT » pour la France Insoumise.