la laicite n'est pas un combat
Avec le désir d’unifier le peuple et le mettre en mouvement, un ensemble hétéroclite de militants politiques, syndicaux ou associatifs, tous de gauche, ont lancé un appel pour lier le combat laïque au combat social1.
Certains d’entre nous ont signé cet appel et je ne suis pas persuadé du bien-fondé de cette démarche.
Ce lien entre le front des luttes sociales et le front laïque me laisse perplexe et c’est pourquoi je me permets d’exprimer mon point de vue sur la question de la laïcité.
Dans l’esprit des initiateurs de cet appel la laïcité est une attitude de défiance vis à vis du clergé, de l’église et plus généralement de la religion. Pour vivre en bonne entente dans la République, il convient de se garder de mettre en avant son appartenance à une communauté religieuse, de faire référence à sa foi ou d’arborer des signes religieux. La laïcité dans ce sens est la garantie du droit des femmes bafoué par les religions, un barrage contre le communautarisme et donc un outil de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Ces combats de gauche pour l’émancipation des femmes et des hommes sont dirigés contre l’extrême droite islamophobe, les catholiques engagés dans Sens commun et l’islam politique qui radicalise la jeunesse.
De telles perspectives entrainent a priori l’adhésion de quiconque se disant de gauche, sauf qu’il y a méprise sur le sens du terme laïque ainsi que sur l’esprit de loi de 1905.
Dans son contexte cette loi avait pour but de combattre l’influence de l’église catholique qui avait le statut de religion d’Etat. Elle instaurait le droit de ne pas être catholique, le droit d’être juif, le droit de ne pas croire ... bref de laisser l’influence de l’église catholique en dehors du fonctionnement de l’Etat. Les fonctionnaires en exercice ne peuvent en aucun cas afficher une appartenance religieuse. Cette loi apparaît comme une loi en faveur de la liberté religieuse.
Nadine Morano défend « les racines chrétiennes » de l’occident, mais elle oublie que nous n’avons pas eu le choix. Toute personne non catholique échappant au pouvoir du curé et donc du pouvoir en place, se voyait punie : hérétique, sorcières, cathare, juif, réformé (le terme protestant utilisé en France signifie non-catholique) ont tous été persécutés. La loi de séparation mettait fin à des siècle d’oppression romaine et rétablissait une liberté fondamentale : la liberté de conscience.
La plupart des personnes de gauche que je côtoie considère la laïcité comme le rempart contre l’obscurantisme, une espèce de garantie anticléricale, anti-religion. Elle est au contraire la liberté de pratiquer la religion de son choix.
Dans le cadre de cette loi on ne peut interdire le port du voile au prétexte que ce serait le signe de l’oppression de la femme. Si une femme désire se déguiser en religieuse, cela reste son choix. On peut le regretter mais on ne peut contraindre une autre personne à modifier sa pensée, on ne peut la condamner pour ce qu’elle est. Même une jeune fille peut se rendre à son collège voilée. Elle est usager du service public elle n’est pas un agent de la fonction publique tenu au devoir de laïcité.
Condamner une personne pour ce qu’elle pense, lui demander de changer ses convictions contre son gré, ou pire, de les cacher, serait digne du marranisme de l’Inquisition espagnol.
Aristide Briand qui était rapporteur de la loi refusa l’interdiction de la soutane car il pensait qu’il se trouverait toujours un tailleur pour fabriquer un habit qui en aurait l’apparence sans en être une vraiment, et qu’on tomberait dans des débats sans fin sur la longueur de tel tissu ou la largeur de tel ourlet. La soutane n’a pas été interdite mais de nos jours on mesure la longueur des jupes des jeunes filles d’origine musulmane dans les collèges.
Le cadre fixé par la loi de 1905 visait à contenir une fois pour toute l’influence du catholicisme dans la vie publique. La restauration ou le second empire ont remis en cause des progrès sociaux que l’on pensait acquis (droit de divorcer, délit de blasphème, ...). De nos jours l’islam a remplacé le catholicisme, il n’y a pas de raison que la République se sente plus attaquée par l’une que par l’autre de ces religions.
Le cadre laïque doit nous amener à tolérer les superstitions des autres (la superstition étant la religion des autres) et non pas les combattre. On ne devrait pas entendre des hommes politique de droite comme de gauche affirmer que la République a un problème avec l’islam, alors qu’il y a un an Sens Commun faisait triompher son candidat à la primaire des Républicains et s’apprêtait à entrer de plein pied dans les affaires publiques.
Ce combat laïque a des relents de « deux poids, deux mesure », à une époque où ,le moins qu’on puisse dire, la communauté musulmane est stigmatisée. Il donne des arguments aux prédicateurs de l’islam politique pour convaincre la jeunesse que la France ne voudra jamais d’eux, sauf à être différents (intégrés à la société). Voir la laïcité comme un combat est un contresens.
Jean-Paul Martin
1 - https://www.combatlaiquecombatsocial.net/
Certains d’entre nous ont signé cet appel et je ne suis pas persuadé du bien-fondé de cette démarche.
Ce lien entre le front des luttes sociales et le front laïque me laisse perplexe et c’est pourquoi je me permets d’exprimer mon point de vue sur la question de la laïcité.
Dans l’esprit des initiateurs de cet appel la laïcité est une attitude de défiance vis à vis du clergé, de l’église et plus généralement de la religion. Pour vivre en bonne entente dans la République, il convient de se garder de mettre en avant son appartenance à une communauté religieuse, de faire référence à sa foi ou d’arborer des signes religieux. La laïcité dans ce sens est la garantie du droit des femmes bafoué par les religions, un barrage contre le communautarisme et donc un outil de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Ces combats de gauche pour l’émancipation des femmes et des hommes sont dirigés contre l’extrême droite islamophobe, les catholiques engagés dans Sens commun et l’islam politique qui radicalise la jeunesse.
De telles perspectives entrainent a priori l’adhésion de quiconque se disant de gauche, sauf qu’il y a méprise sur le sens du terme laïque ainsi que sur l’esprit de loi de 1905.
Dans son contexte cette loi avait pour but de combattre l’influence de l’église catholique qui avait le statut de religion d’Etat. Elle instaurait le droit de ne pas être catholique, le droit d’être juif, le droit de ne pas croire ... bref de laisser l’influence de l’église catholique en dehors du fonctionnement de l’Etat. Les fonctionnaires en exercice ne peuvent en aucun cas afficher une appartenance religieuse. Cette loi apparaît comme une loi en faveur de la liberté religieuse.
Nadine Morano défend « les racines chrétiennes » de l’occident, mais elle oublie que nous n’avons pas eu le choix. Toute personne non catholique échappant au pouvoir du curé et donc du pouvoir en place, se voyait punie : hérétique, sorcières, cathare, juif, réformé (le terme protestant utilisé en France signifie non-catholique) ont tous été persécutés. La loi de séparation mettait fin à des siècle d’oppression romaine et rétablissait une liberté fondamentale : la liberté de conscience.
La plupart des personnes de gauche que je côtoie considère la laïcité comme le rempart contre l’obscurantisme, une espèce de garantie anticléricale, anti-religion. Elle est au contraire la liberté de pratiquer la religion de son choix.
Dans le cadre de cette loi on ne peut interdire le port du voile au prétexte que ce serait le signe de l’oppression de la femme. Si une femme désire se déguiser en religieuse, cela reste son choix. On peut le regretter mais on ne peut contraindre une autre personne à modifier sa pensée, on ne peut la condamner pour ce qu’elle est. Même une jeune fille peut se rendre à son collège voilée. Elle est usager du service public elle n’est pas un agent de la fonction publique tenu au devoir de laïcité.
Condamner une personne pour ce qu’elle pense, lui demander de changer ses convictions contre son gré, ou pire, de les cacher, serait digne du marranisme de l’Inquisition espagnol.
Aristide Briand qui était rapporteur de la loi refusa l’interdiction de la soutane car il pensait qu’il se trouverait toujours un tailleur pour fabriquer un habit qui en aurait l’apparence sans en être une vraiment, et qu’on tomberait dans des débats sans fin sur la longueur de tel tissu ou la largeur de tel ourlet. La soutane n’a pas été interdite mais de nos jours on mesure la longueur des jupes des jeunes filles d’origine musulmane dans les collèges.
Le cadre fixé par la loi de 1905 visait à contenir une fois pour toute l’influence du catholicisme dans la vie publique. La restauration ou le second empire ont remis en cause des progrès sociaux que l’on pensait acquis (droit de divorcer, délit de blasphème, ...). De nos jours l’islam a remplacé le catholicisme, il n’y a pas de raison que la République se sente plus attaquée par l’une que par l’autre de ces religions.
Le cadre laïque doit nous amener à tolérer les superstitions des autres (la superstition étant la religion des autres) et non pas les combattre. On ne devrait pas entendre des hommes politique de droite comme de gauche affirmer que la République a un problème avec l’islam, alors qu’il y a un an Sens Commun faisait triompher son candidat à la primaire des Républicains et s’apprêtait à entrer de plein pied dans les affaires publiques.
Ce combat laïque a des relents de « deux poids, deux mesure », à une époque où ,le moins qu’on puisse dire, la communauté musulmane est stigmatisée. Il donne des arguments aux prédicateurs de l’islam politique pour convaincre la jeunesse que la France ne voudra jamais d’eux, sauf à être différents (intégrés à la société). Voir la laïcité comme un combat est un contresens.
Jean-Paul Martin
1 - https://www.combatlaiquecombatsocial.net/