au coeur des gilets jaunes
Par Myassa Messaoudi
Le diner est prêt. Je révise la leçon de français avec la petite dernière. Elle rechigne. Une journée trop longue sûrement. J’insiste avec des gros yeux. Elle finit par s’appliquer.
Je mets mon manteau, le sac en bandoulière, et je lance mes dernières consignes aux enfants. Il est dix neuf heures passé.
Depuis quelques jours, les portiques des trains sont souvent ouverts. Je valide quand même mon ticket. En France, tout service public implique une morale ou une philosophie. Chaque acquis a nécessité une rude bataille qu’on veut faire oublier. On noie la rapine des financiers sous des chiffres manipulés avec un cynique doigté. Le peuple en a soupé.
Depuis que sous couvert de prétendus « réformes », on a fait payer au peuple les dettes des banquiers. On a offert un second souffle aux casinos de la finance à wall street et la city, l’argent public a fondu. Les institutions, les services et la notion même de bien commun sont menacés, bradés, livrés à un marché régi par la cupidité et le mépris de classe. La perspective a de quoi inquiéter.
J’arrive rue Massé. Par reflexe, mes yeux balaient le quartier. Des CRS, des policiers, on ne sait jamais. Le gouvernement vise à casser le thermomètre de l’insurrection sociale. Il est aidé par une menée médiatique financée par l’oligarchie. Une guerre au peuple qui ne dit pas son nom.
La salle est pleine. Des gens de tous horizons, de toutes conditions, de tous âges. Certains avaient la maitrise haute du verbe, d’autres cherchaient des mots qui peinaient à émerger. Le plus certain et commun à cette assemblée populaire est la détermination. Il n’y était question que de mobilisation, de stratégies de lutte et de manifestations.
Un homme à la barbe longue et épaisse prit la parole. Il rappela l’inutilité de la violence. « En face de nous, on a des pères de famille, des policiers qui craignent l’affrontement, tout comme nous », « t’es gentil, mais ils ont l’ordre de charger, ils ne nous font pas de cadeaux », « pas tous ! », « Moi je suis jeune et en bonne santé, je peux encaisser des coups, prenez des lunettes de piscine, cachez les dans votre slip », l’assemblée rit. « Surtout ne sortez votre gilet jaune qu’à la dernière minute » dit un chômeur quinquagénaire. Un jeune monarchiste s’étend sur les raisons de sa mobilisation. Une dame belle d’allure distribue la liste des avocats volontaires, prêts à intervenir en cas d’arrestation. On parla de l’expérience bolivienne, argentine. Le vécue de la lutte à l’étranger participe au brain storming d’une manifestation qui s’annonce tout sauf apaisée. Un couple d’intellectuels libanais, rompus à la culture de l’opposition, ont tenu à être témoins de ces moments historiques. Quand le peuple de France gronde, le monde entier tend l’oreille. Ce qu’il y’a moult précédents historiques qui ont révolutionné les rapports de classe du pays.
La réunion finit sur l’accord d’un lieu de rendez vous. L’acte 9 aura bien lieu à Paris, et dans le reste du pays aussi !
Le diner est prêt. Je révise la leçon de français avec la petite dernière. Elle rechigne. Une journée trop longue sûrement. J’insiste avec des gros yeux. Elle finit par s’appliquer.
Je mets mon manteau, le sac en bandoulière, et je lance mes dernières consignes aux enfants. Il est dix neuf heures passé.
Depuis quelques jours, les portiques des trains sont souvent ouverts. Je valide quand même mon ticket. En France, tout service public implique une morale ou une philosophie. Chaque acquis a nécessité une rude bataille qu’on veut faire oublier. On noie la rapine des financiers sous des chiffres manipulés avec un cynique doigté. Le peuple en a soupé.
Depuis que sous couvert de prétendus « réformes », on a fait payer au peuple les dettes des banquiers. On a offert un second souffle aux casinos de la finance à wall street et la city, l’argent public a fondu. Les institutions, les services et la notion même de bien commun sont menacés, bradés, livrés à un marché régi par la cupidité et le mépris de classe. La perspective a de quoi inquiéter.
J’arrive rue Massé. Par reflexe, mes yeux balaient le quartier. Des CRS, des policiers, on ne sait jamais. Le gouvernement vise à casser le thermomètre de l’insurrection sociale. Il est aidé par une menée médiatique financée par l’oligarchie. Une guerre au peuple qui ne dit pas son nom.
La salle est pleine. Des gens de tous horizons, de toutes conditions, de tous âges. Certains avaient la maitrise haute du verbe, d’autres cherchaient des mots qui peinaient à émerger. Le plus certain et commun à cette assemblée populaire est la détermination. Il n’y était question que de mobilisation, de stratégies de lutte et de manifestations.
Un homme à la barbe longue et épaisse prit la parole. Il rappela l’inutilité de la violence. « En face de nous, on a des pères de famille, des policiers qui craignent l’affrontement, tout comme nous », « t’es gentil, mais ils ont l’ordre de charger, ils ne nous font pas de cadeaux », « pas tous ! », « Moi je suis jeune et en bonne santé, je peux encaisser des coups, prenez des lunettes de piscine, cachez les dans votre slip », l’assemblée rit. « Surtout ne sortez votre gilet jaune qu’à la dernière minute » dit un chômeur quinquagénaire. Un jeune monarchiste s’étend sur les raisons de sa mobilisation. Une dame belle d’allure distribue la liste des avocats volontaires, prêts à intervenir en cas d’arrestation. On parla de l’expérience bolivienne, argentine. Le vécue de la lutte à l’étranger participe au brain storming d’une manifestation qui s’annonce tout sauf apaisée. Un couple d’intellectuels libanais, rompus à la culture de l’opposition, ont tenu à être témoins de ces moments historiques. Quand le peuple de France gronde, le monde entier tend l’oreille. Ce qu’il y’a moult précédents historiques qui ont révolutionné les rapports de classe du pays.
La réunion finit sur l’accord d’un lieu de rendez vous. L’acte 9 aura bien lieu à Paris, et dans le reste du pays aussi !